Magazine Journal intime

Le mas Théotime

Publié le 27 février 2013 par Papote

270458Henri Bosco avait l'habitude d'écrire sur la Provence et il  le faisait bien. Ouvrez un livre écrit par lui et vous sentirez l'odeur de la chaleur brulante des jours d'été, vous humerez l'air des contreforts des alpilles, vous sentirez la terre dure et les pierres rouler sous vos pas.

" Le mas Théotime" n'échappe pas à la règle et, d'ailleurs, on en arrive même, parfois à se demander si ce sont les personnages ou les lieux qui priment tout au long du roman.
Ne cherchez pas les rebondissements et les actions en cascades, ce livre est une tranche de vie, avec certes quelques péripéties mais encore bien plus d'âme humaine et de nature.
J'ai beaucoup pensé à " Malataverne" au cours de ma lecture.
Ecrit dans un style littéraire complètement différent mais qui m'a énormément plu, on y sent la richesse d'une culture et d'un vocabulaire qui, loin d'être volontairement soutenus ou ampoulés, vous donne l'impression d'être vous-même cultivé sans en avoir le sentiment de l'effort intellectuel.
J'ai également retrouvé cette notion de terre dure à l'homme, qui impose une certaine humilité et une certaine rudesse de vie et de caractère. En revanche, même si l'histoire est loin d'être un conte de fées, il y a une certaine poésie, un certain esthétisme dans les descriptions qui vient tromper l'ambiance parfois oppressante. Tout n'est pas noir, ni les lieux, ni les personnages !

On se laisse prendre à suivre Pascal Dérivat qui, encore jeune, a décidé de se retirer dans le mas de son grand-oncle pour l'exploiter avec l'aide d'une famille de métayers, les Alibert. Cette décision s'est imposée à lui lorsqu'il a compris que la sauvagerie de la nature serait seule capable de contenir, voire d'apaiser, la sauvagerie de son coeur.
Seulement, il y a un voisin, cousin éloigné qui a besoin de lui chercher querelle, de lui faire expier on ne sait quelle faute passée. Sa présence, comme son absence, sont des sujets d'angoisse permanente.
Et puis il y a Geneviève, la jeune et belle cousine qui était destinée à Pascal mais qu'il a refusée malgré les sentiments éprouvés. Lorsqu'elle vient se réfugier à Théotime, on sent bien que l'auteur n'a pas juste l'intention d'écrire un roman d'amour.
Les caractères des personnages, leur psychologie, tout est finement évoqué, décrit : les silences du vieux métayer, la fraicheur franche de sa fille, la sensibilité refoulée du héros, la rébellion permanente, la fougue de la belle cousine, l'aigreur et la frustration du cousin-voisin, la calme volonté de la femme du métayer habituée à travailler dur, la bonhommie apaisante du cousin qui habite le village d'enfance des héros, etc.

Bref, ce livre m'a emmenée et m'a faite vibrer, non pas comme un récit contemplatif, non pas comme un roman d'aventure mais comme une tranche de vie, bien rude, parfois amère mais souvent douce et ensoleillée.

A bientôt !

La Papote


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