Il y a eu cette envie d’enfant entre deux êtres amoureux fous
cette attente futile et légère et de plus en plus pressante,
omniprésente,
aliénante.
Ces espoirs précédant des précipices de douleurs.
Puis la vie s’est glissée en toi, toute petite, souffle d’espoir…
montagnes russes d’émotions où le bonheur laisse place à la terreur.
J’ai prié pour vous, pour toi, pour que tu sois là!
Tu es né, le 12 mars 2011.
Quel soulagement.
Aujourd’hui, mon amie très chère a réussi à prendre sa plume et laisser glisser ses mots,
je ne peux que lui laisser de la place en ce jour si important:
tes 2 ans!
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Malgré les sollicitations de Madame Parle, il m’a fallu 2 ans pour arriver à écrire le récit de sa naissance. Cet accouchement qui a eu lieu il y a tout juste 2 ans, n’a pas été facile à l’image de ce long parcours semé d’embûches. La PMA, l’annonce d’une grossesse triple mais aussi celle que deux petits cœurs se sont arrêtés à 4 mois et demie de grossesse et ce bébé. Lui qui s’accroche malgré nos craintes, celles des échographistes et des médecins : trop ceci, pas assez ca !
Nous somme un jeudi de mars et il est 22h30. Il nous reste 3 semaines avant son arrivée. Mon mari m’embrasse avant d’aller se coucher. J’ai des insomnies depuis plusieurs mois, mais je file enfiler mon pyjama pour ne pas le réveiller en allant me coucher plus tard. Je me lève du canapé et oups, je sens de l’eau couler. Je file aux toilettes mais je me rends vite compte que ce n’est pas juste une fuite. J’entrouvre la porte de la chambre en disant : « euh chéri je perds les eaux ». Et là, tel un pantin qui sort de sa boite, mon mari étonné me dit: « maintenant ? Faut partir tout de suite ! ».Non on a un peu de temps, je n’ai pas de contractions. Je veux finir mes affaires, prendre une douche, me laver les cheveux, histoire d’être correcte pour accueillir notre bébé.
A minuit, nous voilà à la maternité. Premier examen, c’est bien la poche des eaux. Le col est à 3 et le monitoring est bon! On nous installe dans une chambre, moi sur le ballon et chéri sur le fauteuil un peu abasourdi ! Je n’ai pas de contraction, tout cela paraît si abstrait ! A 4h du matin, le col est toujours à 3, ce n’est pas pour cette nuit. La sage-femme renvoie mon mari à la maison pour dormir un peu. Il ne veut pas me quitter mais l’aide soignante vraiment mal aimable le met carrément dehors, sur un prétexte stupide de règlement de l’établissement. Je me retrouve dans cette chambre d’hôpital, seule et stressée. Épuisée, je m’endors pour quelques heures.
A 7H30, mon mari est déjà de retour. Il a téléphoné à nos parents pour dire que je suis rentrée à la maternité et que ce sera surement pour aujourd’hui. A 8h, la sage-femme m’examine, je suis toujours à 3, sans contractions. Mon occupation des prochaines heures sera donc de marcher de long en large dans la maternité, de monter et descendre les escaliers pour accélérer le travail. Et les minutes paraissent des heures et les heures des jours. En fin de journée, toujours rien. La décision est prise, demain matin, l’accouchement sera déclenché.
Nous sommes samedi matin, il est 8h. Apres une courte nuit de sommeil, je me douche et on m’installe dans la salle de travail. La sage-femme me pose la perfusion, et c’est reparti pour une matinée à arpenter les couloirs. Vers 10h, les contractions sont timides mais je suis à 4. Tout se passe bien. La sage-femme en profite pour aborder le délicat sujet des jumeaux dont les cœurs se sont arrêtés. Nous ne voulons pas les inscrire sur le livret de famille. La vie c’est ce bébé qui lui s’est accroché et qui va venir au monde aujourd’hui. Elle nous explique également que j’aurais après l’accouchement une révision utérine afin de s’assurer que les fœtus seront bien expulsés.
A 12h, toujours de faibles contractions mais je suis toujours à 4. On me demande si je souhaite la péridurale, l’anesthésiste est dans les parages et on va augmenter les doses pour accélérer le travail, cela paraît plus prudent. C’est parti pour la péridurale : il est 14h ! L’après-midi passe lentement. Je regarde le monitoring où je vois les contractions se dessiner sans réellement les sentir. Le travail avance très lentement, trop lentement.
A 16h, premières alertes. Le cœur du bébé ralenti parfois lors des contractions. La sage-femme me réexamine, je suis à 6, et pour l’instant pas de panique, tout est sous contrôle selon elle.
A 18h, le cœur du bébé montre un très gros ralentissement. L’interne veut une césarienne ! La sage-femme demande à lui parler dans le couloir. Je commence à m’inquiéter. Tout le monde s’affaire autour de moi, rentre les chariots pleins de matériel dans la chambre. Dix minutes plus tard, la sage-femme et l’interne reviennent. En accord avec le chef de service, elles me proposent de me préparer pour une césarienne au cas où, mais que l’on va quand même attendre et surveiller de plus près le bébé. Il a le cordon autour du cou et fatigue avec l’accouchement qui s’éternise. Malgré tout le travail avance bien, la dilatation se poursuit. Ils vont donc faire des prises de sang sur sa tête en passant par le vagin pour contrôler que son sang est correctement oxygéné. Je me souviens qu’à ce moment la , j’ai fondu en larmes. Je demande la sage-femme de faire tout ce qu’il faut, par n’importe quel moyen, mais qu’il arrive en bonne santé. Elle nous rassure en nous disant qu’elle connaît notre histoire et qu’elle ne prendra jamais aucun risque. Je lui fais confiance. Depuis le début de la journée, elle sait nous parler, nous rassurer, nous expliquer et plaisanter lorsque le stress monte. Les prises de sang sont faites toutes les demies heures, et les résultats sont bons. Malgré tout, il faut accélérer le travail car le bébé est fatigué.
A 21h30, l’anesthésiste me met une dose de cheval dans la péridurale, je ne sens plus rien. On me demande de pousser mais je n’y arrive pas. Je suis trop fatiguée, trop stressée. Il va falloir l’aide des forceps. Il est 22h30, mon mari me tient la main, la sage-femme me pose mon fils sur le ventre.
6 ans d’attente, 9 mois d’angoisses, 48h depuis mon entrée à la maternité : je tiens enfin Martin dans mes bras. Il est petit et doit rapidement être examiné et mis en couveuse pour le réchauffer et l’oxygéner un peu après ce long et difficile accouchement. Je savoure ces quelques minutes où je le garde tout contre moi, découvrant ce joli visage niché contre ma peau. Son papa part avec lui pour les examens, pendant qu’on me fait la révision utérine. Je ne sens rien tellement la péridurale est forte et c’est très bien comme ca ! Lorsque l’on ramène la couveuse à coté de mon lit, je vois ces yeux grands ouverts, qui me regarde fixement. Je n’arrive pas à détacher mon regard du sien. Au bout de 2 heures, la pédiatre vient l’examiner avant de le sortir de couveuse. Ses yeux sont toujours grands ouverts sur ce nouveau monde qui l’entoure. Il n’a quasiment pas détourné son regard de nous , ce qui étonne la pédiatre après un si dur accouchement.
Lorsque je le prends à nouveau dans mes bras, il me regarde intensément puis s’endort paisiblement. Je me souviens avoir pleuré, laissant enfin sortir toutes ces peurs accumulées, rassurée d’avoir mon fils en bonne santé contre moi. Il a fait de moi une mère, de nous des parents et depuis 2 ans, il rempli notre vie de cet amour incommensurable qui lie les parents à leur enfant.