Love Story
Publié le 16 avril 2008 par Corcky
Pardon à celles et ceux qui auraient déjà lu une première version de cet article l'année
dernière.
Disons que j'ai d'excellentes raisons de le remettre en ligne aujourd'hui,
parce que j'ai pas trouvé de meilleurs mots pour exprimer ce que j'avais à dire (même si j'ai bidouillé une phrase ou deux pour remettre la sauce au goût du jour).
Pour ma pénitence, je veux bien me farcir le prochain épisode de la Nouvelle Star en entier, avec les pubs
et tout, avec les blagues pourries de cette pouffiasse has-been de Lio et la gueule de con de Sinclair.
Faut-il que je me sente coupable...
L'amour, c'est jamais comme dans Titanic ou dans Sissi
impératrice.
Tout ne commence pas toujours dans les larmes pour s'achever dans le bonheur partagé d'un coucher de soleil
hollywoodien...ahhh, quel bonheur de se fader ces grosses merdes des années 90 avec Meg Ryan et Billy Crystal, Meg Ryan et Tom Hanks, Meg Ryan et Kevin Kline, Meg amoureuse d'un copain de classe,
Meg rencontre un jeune veuf sexy, Meg drague un flic dépressif, Meg se tape un poteau téléphonique...
Des fois, c'est le contraire, on commence par le coucher de soleil et les p'tits zoziaux, et on termine dans les larmes.
Y'a pas non plus (enfin, à ma connaissance) de prince charmant, ni de charmante princesse, de mec gaulé comme Di Caprio ou Brad Pitt, de gonzesse aux mensurations parfaites et à la larme sexy.
Pas non plus d'évènements aussi excitant qu'un naufrage, une guerre mondiale (quoique ça peut venir), une amnésie traumatique que seul l'amour peut guérir, un enlèvement par de méchants mafieux
russes, une explosion solaire, un monstre assoiffé de sang, un gorille géant (là, on frise la zoophilie), un mec en collant moule-bite parfaitement ridicule qui passe son temps à sauver le monde,
une femme-flic plus sexy que Julie Lescaut (et un peu moins conne, tant qu'à faire), une invasion extra-terrestre qui joue le rôle d'une bonne thérapie de couple, ou encore, si on tape
plutôt dans le cinéma français réçent, deux trentenaires insipides plutôt "bobo" en pleine crise existentielle qui se déchirent entre deux virées chez Ikéa.
Et je crois pas non plus qu'on passe ses soirées à mettre les mains dans la glaise pour fabriquer un pauvre vase, dans une scène torride où l'érotisme le dispute à la polémique quant à la
méthodologie du Petit Potier Amateur.
Bref...L'amour, c'est pas comme au cinoche. Non. Pas du tout. C'est beaucoup mieux. Pourquoi je dis ça? T'es marrant, toi! Parce que moi aussi, eh, j'en ai passé, des journées, des semaines, des mois, à
rêver! A espérer qu'une Jodie
Foster, une Jennifer Beals, bref un canon avec un cerveau en prime, vienne à passer devant ma fenêtre et se fasse (au choix) kidnapper par King Kong, menacer par Hannibal, larguer par Shane,
expulser par Sarkozy, poursuivre par une tarentule géante venue de la centrale nucléaire de Nogent ou attaquer par Tofsy, le basset de Raymonde, mon ancienne concierge (marre-toi, mais en matière
de petit fumier friand de sang humain, cet enculé de Tofsy valait bien dix gremlins nourris après minuit et arrosés à l'Algoflash). Tout ça pour me permettre d'arriver, telle une zorrette d'opérette, pile poil pour un sauvetage
de circonstance. J'en ai voulu, des
happy end, des french kisses, des promenades romantiques sur la plage et des crépuscules en carton pâte dignes d'Alerte à Malibu! Ben oui...J'avais quinze, seize ans...Ce qui prouve, s'il fallait encore des preuves, que les
ados sont tous les mêmes, qu'ils soient homos ou hétéros (parce que mes copines, elles, pleuraient sur Jean-Marc Barr, ce connard qui préfère se taper un dauphin plutôt que Rosanna
Arquette...remarque, je le comprends un peu). Bon, mais pourquoi j'écris tout ça, ce matin, moi? Parce que, laisse-moi finir, bordel! J'ai la digression facile, ouais, et puis
après? Je raconte tout ça, parce que
j'suis crevée , que j'ai le moral en berne, l'anxiété à fleur de poil (que j'ai mauvais...le poil, je veux dire) et le découragement au bord de la cage thoracique. Pourquoi? Ben, pour rien de bien précis... Parce que mon boulot me pèse, que j'en ai parfois
plein l'dos des types qui puent autant de la gueule que des pieds, qui n'écoutent pas un traître mot de ce que je leur dis, qui continuent à baiser sans capote alors que moi j'en ai commandé
trois cartons (des capotes), qui se foutent sur la gueule pour un oui ou pour un non, qui préfèrent s'enrouler une peau de banane autour du pied pour soigner leurs cors plutôt que d'aller chez le
podologue que je leur ai conseillé, et qui en plus de ça me taxent trente centimes pour se payer un café à la machine. Parce que Poupon la Peste est dans une phase qui me donne des envies de meurtre, à chialer pour
un rien, à faire des caprices de diva, putain mais fallait me prévenir, qu'un gosse ça pouvait vous faire préférer un séjour au bagne de Cayenne!!!
Parce que le paysage politique de mon pays, toutes tendances confondues, me donne la
gerbe et l'envie pressante d'aller faire caca. Parce que le temps est gris, mais pas franchement pluvieux, un truc un peu bâtard qui me plombe, Raymonde dirait que c'est la faute aux
communistes, avec leurs satellites à la con, mais Raymonde elle a pas décollé des années 60 et de la Guerre Froide... Bref, parce que je suis comme tout le monde et que j'ai les emmerdes quotidiennes de n'importe
qui (et encore, je me plains, là tout de suite, mais imagine le mec qui est au chômage, malade, dépressif, dans la merde....oui, tiens, le genre de mecs dont je m'occupe au boulot, t'as
raison). Quel rapport avec l'amour ?
(qui n'est pas comme au cinoche, je rappelle le fil de cet article parce que ça part complètement en vrille). Ben, l'amour, au quotidien, ça donne rien de bien sexy, en comparaison avec ce dont on
rêvait... l'Autre est un humain comme nous, en fait...avec ses côtés très
chiants, ses petites obsessions qui ont le don de nous mettre les nerfs en pelote (moi par exemple, je supporte pas qu'il y ait ne serait-ce qu'une miette par terre), ses malheurs, ses idées bien
perso, ses convictions, et les soirées en amoureuses se font plus souvent devant "Les Experts" avec une pizza quatre-fromages qu'aux chandelles à la Tour d'Argent...Les aventures du quotidien ont
plus à voir avec le budget, les fuites d'eau, la bagnole à réparer, qu'avec des complots internationaux, des missions humanitaires et des attaques extra-terrestres...Et puis, c'est un tabou, mais
il faut le briser: Oui, l'autre AUSSI fait caca et même parfois, elle pète! Il fallait que cela soit dit.
Donc, l'amour, c'est pas comme au cinoche. Mais putain. Qu'est-ce que c'est bon. Qu'est-ce que ça fait du bien. Qu'est-ce que je serais vide, malheureuse, paumée, sans ça. Lui apporter un cône au chocolat (avec le p'tit bout "extrême")...la sentir me faire un bisou dès qu'elle se réveille...choisir une
peinture à la con pour la chambre...se taper un fou-rire pour pas grand-chose...parler de Sarko, de Ségo, de l'égo, du dodo, des veaux, poil au dos....se regarder sans dire un mot et entendre
quand même tout ce qu'on se dit, avoir cette foutue capacité du sentiment oculaire...se voir vieillir ensemble et se dire qu'on fera des courses de fauteuil roulant dans notre maison de
retraite... Me sentir à peu près comme la crotte (que ce con de Tofsy laisse
sur le trottoir, jamais dans le caniveau) quand je lui ai fait du mal, quand je lui ai fait de la peine, quand elle pleure à cause de moi ou que sa rage menace de déclencher un nouveau Tchernobyl
dans l'appartement. L'attendre le soir comme Lassie, chien fidèle, et sentir
dans le ventre une envolée de papillons transgéniques, l'équivalent humain du frétillement de la queue chez Lassie. C'est dans des journées comme celle-là, où j'ai la sale impression que tout fout l'camp, que je
ne contrôle plus rien, que tout m'emmerde et que tout le monde est con (surtout moi), que sa présence me fait l'effet d'un putain de cadeau du Ciel. Pas toi?