Je m'appelle Anne-Sophie, j'ai 22 ans et j'étudie à Science Po. Mon père est cadre supérieur dans un grand groupe pétrolier et son épouse est femme au foyer comme on dit dans les milieux populaires. J'habite le 17ème arrondissement dans un modeste appartement de 140 m² où officient ma chère mère et les deux domestiques qui l'épaulent.
Mon fiancé Charles Henri qui, je le précise ne m'a jamais effleuré, réservant ses transports sexuels pour la nuit de noces consécutive à la cérémonie du mariage religieux, m'ayant invité à vivre une grande aventure populaire, un juste combat politique contre le manant socialiste, le gueux gauchiste rentrés par effraction dans les arcanes du pouvoir généralement destiné à notre classe !Déjà, lors de la messe dernière, dans la paroisse où je milite aux MJCF, nous avions été alertés par l'abbé Petitgros de cet odieux projet de loi du mariage pour tous, ersatz de cérémonie diabolique entre deux êtres lubriques et vicieux de même sexe, animés par les pires excentricités copulatives qui me font froid dans le dos rien qu'en y pensant !
J'ai aussitôt enfilé mes ballerines pour pouvoir défier avec souplesse et célérité le félon CRS qui habituellement est notre allié objectif. Charles Henri, nerveux comme une puce m'a follement excitée en m'expliquant que nous participions aux prémices d'une révolution populaire, une sorte de mai 1968 contre-révolutionnaire, un soulèvement catholique rappelant la glorieuse résistance du Chouan vendéen contre l'usurpateur (déjà !), bref, un moment historique qui marquerait à jamais l'entrée en fanfare des valeurs de la chrétienté dans notre beau Pays de France.
La république, cette gueuse irrespectueuse des valeurs de la France profonde n'avait qu'à bien se tenir, par la nécropole royale de Saint Denis !Nous rejoignîmes un groupe constitué de mouvements tous plus pacifistes les uns que les autres, du GUD, des jeunes pops, de Civitas, du Bloc identitaire, des jeunesses nationalistes et du Renouveau français. J'y retrouvai avec joie, Joachim, Marie Chantal, Charles-Louis, Matthieu-Georges, Pierre Alexandre, Clothilde , Hugo, Alix , Camille, Constance... Je ne saurais tous les énoncer ! La jeunesse de la vraie France populaire, celle qui prendra de toute manière, tôt ou tard, les rênes de notre pays était réunie, enthousiaste, prête a renverser ce régime illégitime mené par un tyran progressiste.
Arrivés devant l'Assemblée nationale, nous entonnâmes avec une ardeur juvénile des cantiques religieux. Puis, copiant l'abbé en soutane qui nous fit face, à genoux, nous priâmes pour les CRS, pour que Dieu fasse entendre raison à tous ces députés de gauche qui veulent détruire la cellule familiale traditionnelle, à tous ces communistes qui souhaitent raser nos églises, tondre nos curés, enduire de goudron et de plumes les fidèles chrétiens pour laisser libre-accès aux mollahs !Dieu ne pouvait laisser la fille aînée de l'Église aux mains de ces athées iconoclastes qui renient la Monarchie et nos valeurs séculaires ! Aucun Français ne pouvait penser que le Seigneur laisserait détruire nos symboles sacrés ! Un cri de joie ! Toutes les têtes se tournèrent : Christine Boutin, un énorme crucifix en pendentif suivie de Béatrice Bourge, l'instigatrice du printemps français, toutes deux l'air halluciné, semblaient habitées par Dieu. Il faisait nuit, nous avions tous allumés nos briquets comme autant de cierges. L'atmosphère était magique. Le service d'ordre, figé, semblait ressentir cette spiritualité avec frayeur. Un silence pesant se fit. Quelques députés UMP se joignirent sans faire de bruit à nos deux dames patronnesses.
L'émotion parvint à son comble quand Christine leva la tête vers le ciel, les paumes offertes et se mit à genoux. Elle implora le Créateur et sembla entamer un dialogue, les cœurs battaient à l'unisson, la ferveur était palpable. Un cri jaillit, viril, déterminé : "Jésus est avec nous !".C'est ce moment que choisirent les CRS, pour nous gazer et asphyxier ainsi les forces vives du pays réel.Si vous souhaitez connaître la suite, consultez donc la description des affres terribles que nous avons subies, auprès desquelles, les souffrances endurées en Irak, ne sont que peccadilles.
Nous continuerons inlassablement notre combat jusqu'au moment où fatalement, un accident lors d'une manifestation ou d'un échange musclé entraînera le décès d'une victime. Ce mort deviendra alors le martyr de tout un peuple, le symbole de la brutalité de l'idéologie socialo-communiste illégitime et abhorrée du troupeau de Dieu, c'est à dire du peuple français tout entier que nous représentons.Alors, la purge salutaire pourra enfin commencer... .