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Ce qu'il faut expier de Olle Lönnaeus
Publié le 07 mai 2013 par AniouchkaVéritable plongée dans une Suède dure et austère, Ce qu’il faut expier est un thriller lent, difficile mais surprenant. Découvert grâce au Prix des lecteurs du Livre de Poche, c’est un roman qui ne plaira certainement pas aux âmes les plus sensibles, mais qui, selon moi, vaut tout le même le détour.
Le danger de fouiller le passé Près de 30 ans après l’avoir fui, Konrad Jonsson revient à Tomelilla, le petit village qui l’a vu grandir, alors que ses parents adoptifs, qui l’avaient recueilli après la disparition de sa mère polonaise, ont été sauvagement assassinés. Héritier des millions que le couple avait gagné au Loto, la police le soupçonne rapidement d’avoir commis ce double meurtre. Commence alors un cauchemar éveillé auquel s’ajoutent les attaques xénophobes de la population et les souvenirs douloureux d’un passé enfoui dans sa mémoire.
Dans ce roman au rythme lent et à l’atmosphère pesante, Olle Lönnaeus décrit une réalité sale, celle d’une Suède rurale où se mêlent xénophobie, racisme, homophobie, intolérance et même thèses néo-nazies, parfois sous couvert d’une morale chrétienne omniprésente. L’écriture crue n’épargne aucun détail, et les situations mises en scène par l’auteur vont quelque fois même jusqu’à donner la nausée.
Très lent au début, Ce qu’il faut expier décrit l’errance de Konrad Jonsson entre réminiscences du passé (les flashbacks sont nombreux), mal-être du présent et possibles projets d’avenir. Les deux premières centaines de pages nécessitent de s’accrocher. Néanmoins, peu à peu émerge de ce brouillard épais une intrigue assez bien ficelée, dont le nœud n’est pas tant la résolution du double meurtre que la mise en lumière des zones d’ombres du passé de Konrad. Le mystère se dissipe progressivement de manière douloureuse et surprenante, comme un secret qui lui éclate à la figure.
Une belle découverte, un livre certes abrupt, mais qui m’a somme toute convaincue.
Ce qu'il faut expier de Olle Lönnaeus, Le Livre de Poche, 2013, 476 pages
Ce qu'il faut expier fait partie de ma sélection pour le challenge Thrillers et polars scandinaves.