(DANS LA SÉRIE DES AVENTURES DE "JOHN THE RIDER")
Tony™ actionne son dérailleur du bout des doigts pendant qu'il appuie de toutes ses forces sur ses pédales automatiques, l'une après l'autre dans un strict mouvement de coucou suisse bloqué sur midi. Tony™se défonce à la débauche d'efforts considérables dans l'optique de ses calmer les nerfs et d'imaginer un monde meilleur. On fait bien du vélo pour les raisons qu'on veut non ?!
L'auteur sur le Prix de la République du Saugeais - 2013 (PHOTO Luc Lhomme)Tony™ (mais qu'on aurait pu aussi appeler Johnny...) Oui, oui... Bon, c'est d'accord. Je m'incline donc à la demande générale. Va pour Johnny alors ! Et qu'on n’y revienne surtout pas ! Johnny (Johnny comment d'ailleurs ?) Mais on ne va pas y passer la nuit non plus !.. Johnny tout court et ça ira bien comme ça ! Johnny tout court qui n'oublie jamais de tirer sur les genoux et de plier les bras même dans les pentes raides. Le truc d'un pédalage « bien rond » pour espérer remonter la concurrence sans gaspiller trop tôt ses dernières forces de persuasion... Le truc du coursier bien posé sur sa machine dont ce Johnny là, tout court... connait le refrain par cœur. Tout court... « Mais va savoir après quoi ?! » se dit le beau Johnny dans son costume jaune de champion des Champs-Elysées). Un gars qui ne mégote pas non plus sur les sujets philosophiques. Un habitué de la Sorbonne en passant par la rue Soufflot, le Bd Saint-Miche… et la rue des Écoles avant de remonter la rue Saint-Jacques (une virée parisiennes de quelques hectomètres que « le penseur de Rodin » effectue en alternant un 39X23 dans les descentes pour tourner les jambes à la vitesse d'un lémurien au galop, avant de s'arracher tout debout sur la plaque en visant le sommet du Lycée Louis Legrand). Johnny « John the rider »… Le recordman du vire-vire de la rue Champollion sur Strava™ (l'application Internet dorénavant incontournable du « monde meilleur » dont notre Johnny Begood à dérailleur électrique intégré s'est fait une spécialité parmi les syndicalistes les plus affirmés du peloton. Johnny... le « John Trumbull » d'un cyclisme moderne repeint de fond en comble façon Tour de France de 1903. Ce « Paris, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes et retour au bercail » pour faire vraiment le tour du sujet, mais en évitant scrupuleusement le moindre escarpement (Bon, oui ! Ouhhhh !!!… peut-être ?! Mais j’aurais bien voulu vous voir dans les 21 virages de « l’Alpes » avec un engin de 12 ou 13 kg au moins, monté sur un seul plateau de 50 dents. Une machine dont vous auriez pu chercher longtemps les freins encore dans les cartons à dessins le jour du départ.) Une épreuve historique remportée à l’époque avec la moustache par Maurice Garin (Heu ! Qui ça ?!...) 2400 km en 6 étapes… Une bambée qui en aurait jeté plein les mirettes à ce pauv’ Tony™ abandonné dans le gruppetto dès la première mine tirée par Johnny devant l’aile Ouest du collège de France. Tony™ qui gardait le palmarès de l’édition de 1924 accrochée au dessus de son lit pour tout vérifier de l’avance d’Ottavio Bottecchia lorsqu’il se réveillait en sursaut à cause d’un boyau crevé au pire moment de la course. Le luxembourgeois Frantz à ses trousses ; ces belges et ses français, malgré l’abandon des frangins Pélissier entre Cherbourg et Brest… Les gros titres dans le Petit Parisien du lendemain parce qu’un reporter du nom d’Albert Londres, l’illustre correspondant de guerre et défenseur de toutes les causes perdues, faisait le boulot en signant ses papiers à la rubrique des « forçats de la route ». Une affaire de bagne dans le Tourmalet au lieu des belles causeries humanistes sur les banquettes du Flore. Plus de 5000 bornes courus en 15 manches de 300 à près de 500 kilomètres chacune ! Depuis l’université de Besançon, Fred Grappe et Julien Pinot avaient tout recalculé dans les moindres détails convertis en puissances moyennes. (Où l’on aurait pu aisément confirmer qu’on ne buvait pas que du chocolat au bistrot de la gare de Coutances où les vedettes françaises racontaient leurs déboires avec l’administration officielle au soir de la 3e étape pour une histoire de maillots doublés… Pour vous dire les suées de Tony sous ses draps, et vous raconter la fanfare au balcon lors du retour des damnés à Paris après 30 jours à planter des croix de bois sur le pourtour exact de l’hexagone. « Bon tu dors où tu prends ton tour ?! » lança Johnny après s’être secoué le coude plus de dix fois en tête de la meute sans réaction d’aucun de ses coéquipiers. Tony, à bloc dans la roue de son John Reed des « 6 » jours qui ébranlèrent le monde du sprint, mais avec l’entrée du panthéon dans le dos… Tony… dans West side story, avant d’appuyer sur les freins devant le Reflet Médicis et avec la musique de Léonard Bernstein sous le casque pour essayer de faire craquer Nathalie Wood avant la fin de la séance. De quoi pouvoir enfin dérouler tranquillement jusqu’à la Seine de fin les yeux enveloppés dans l’alchimie d’une mixture d’endorphines amoureuses ! Tony et son côté : je pédale dans le Flamby™ depuis deux tours des studios sans réussir à reprendre mon souffle sur les photos. « Oh John ! Coupe un peu. T’es pas encore à Porto-Vecchio là ! » mais John s’en fout. John baisse la tête et serre les poignées de son guidon en arrachant les pavés de la rue Soufflot sous le coup d’une accélération redoutable pour larguer la concurrence avant le passage de la flamme rouge. Tony s’effondre littéralement devant la porte d’entrée de chez Gibert. La librairie où le petit Godard du cintre coudé entre à bout de souffle dans une posture Hitchcockienne pour acheter en solde « la vie des martyrs de G. Duhamel. Une façon comme une autre de considérer « le monde meilleur » dont on parlait tout à l’heure, mais Londres aurait adoré ! JLG