Attention, mesdames et messieurs, dans un instant...

ou presque...

Cinq semaines, cinq répétitions... Rien, quoi !
Et comme chaque fois, le sentiment que nous ne seront jamais prêts...
Il faut dire que la décision d'une des filles de la troupe de nous planter avec pertes et fracas, en se drapant telle la dignité offensée, n'aide pas à se sentir sereins.
Au milieu des milliers de petits détails qui restent à régler, sans parler des gros, cela donne le sentiment d'être obligés de repartir quatre ou cinq mois en arrière. Repartir de zéro ou presque et, encore, ce n'est rien à côté de ce que doit ressentir la demoiselle qui reprend le rôle au pied-levé...
Lister les décors, les accessoires de scène, les costumes, les accessoires des acteurs. Vérifier que chacun amènera bien ce qu'il doit au moment T. Espérer que les autres troupes qui passeront avant ne perdront pas des éléments dont on devra se servir. Multiplier les dernières répétitions pour se persuader qu'on aura fait tout ce qu'on aura pu et qu'il fallait bien ça pour que le résultat soit à la hauteur des heures passées.
Commencer à sentir monter la tension et l'excitation mêlées. Avoir envie de monter sur scène pour affronter pour de vrai ce rôle dans lequel on essaye de se glisser depuis des mois pour ne plus être nous entrain de jouer un autre mais un autre qui aurait comme une vague ressemblance avec nous. Apprendre avec un plaisir teinté de surprise et d'angoisse que le metteur en scène mise infiniment plus que vous ne le croyiez en vous. Se dire qu'il y a deux soirs en tout pour tout donner. Ne surtout pas avoir de regrets après. Se faire plaisir pour pouvoir essayer de faire plaisir aux autres.
Le théâtre, surtout comique, gagne moins à la qualité des acteurs qu'aux réactions du public. Un de mes premiers metteurs en scène disait qu'une pièce se joue entre acteurs mais aussi avec la salle, l'interaction doit gagner les rangs : les rires, les réactions, les applaudissements.
Mais pour que les spectateurs aient envie de réagir, il faudra que nous arrivions à leur en donner l'envie. Il faudra les emmener dans notre histoire, dans notre aventure...
Nous sommes à cinq semaines et je commence à me dire que c'est demain !

A bientôt !

La Papote