Magazine Journal intime

Nuit parfaite (je parle aux légumes)

Publié le 23 juin 2013 par Sexinthecountry2

Il y a de ces nuits de juin où c’est juste pas humain de rentrer. La rondeur de la lune qui nous nargue. Les clins d’œil des lucioles. Le vent qui fait murmurer tout le paysage. J’ai marché dans le potager, mes souliers s’enfonçaient dans la terre. J’ai regardé les rangs. Je les voyais très bien à cause de la lune pleine. Depuis quelques jours, je me penche sur eux régulièrement pour voir si les graines que j’ai plantées germent. Pour m’assurer qu’elles n’ont pas été dévorées par les oiseaux. Après avoir visité les légumes, j’ai répertorié les nouveautés de cette année sur mon terrain. Un carré de fraises, un autre de fines herbes, trois rosiers, quatre pruniers, plusieurs érables et plusieurs chênes. Un rond de pierres autour de l’orme. Des pensées de toutes les couleurs. Je n’ai pas pu me résigner à entrer dans la maison. Je me suis coulé un verre de vin, j’ai enfilé des vêtements chauds, j’ai allumé toutes les chandelles à la citronnelle du gazebo. Me voici assise dans l’abri à savourer la plénitude de ce lieu que je chéris, que j’investis depuis près de sept ans. Je me souviens du premier arbre que j’ai planté ici. Un marronnier. Ce sont mes arbres préférés, avec leurs larges feuilles et leurs gigantesques grappes de fleurs qui bourdonnent d’insectes au printemps. J’avais planté six marrons, mais un seul a survécu, est devenu un arbre. Chaque année, quand l’été revient, je cours d’une plate-bande à l’autre, d’une plantation à l’autre pour me réjouir de découvrir ce qui a survécu, ce qui repousse. Je parle aux arbres, aux légumes aux fleurs que je plante, je leur parle régulièrement. Je les aime. Et c’est vaste et gratuit.

J’éprouve toujours une grande joie à découvrir un nouveau paysage, un panorama à couper le souffle, mais il ne m’offre pas la même plénitude que celui sur lequel j’agis. Celui sur lequel je peux voir passer le temps. Voir la marque que j’ai moi-même laissée sur sa trame.

Comment se résigner à rentrer alors que le cinquième rang est l’hôte comblé d’une telle nuit.

Il n’y a pas de mots pour dire cette nuit. Une nuit parfaite et rare. De celles qui donnent la foi.



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