Magazine Journal intime

Une nouvelle inédite: « la machine à café »

Publié le 09 août 2013 par Madameparle

café

Elle c’est Jeanne, la trentaine, signe particulier: récalcitrante au bonheur. Elle enchaînait les relations sans queue ni tête, elle était attirée par des mecs au charisme important, au charme fou et dont l’égo faisait de l’ombre à tout le reste. Elle se perdait dans ces histoires, elle s’y oubliait et y trouvait son compte.

Lui c’est Stéphane. Proche de la quarantaine. Signe particulier en couple et père attentionné.

Ils travaillaient dans le même immeuble à la défence. Une compagnie d’assurance. Elle y bossait depuis quelques années déjà. Il était arrivé en septembre.

Ils ne se connaissaient pas.

Tous les matins ils se saluaient.

Ils avaient souvent les mêmes heures à la machine à café.

Un capuccino pour elle, un ristretto pour lui.

Leurs vies parallèles se croisaient chaque matin dans ce recoin du 36eme étage. Elle ne l’avait vu. Il ne voyait qu’elle. Petit à petit et ils ne savent plus pourquoi ils avaient commencé à échanger. Ils se sont découverts des points communs, des sensibilités partagées. . Ils se retrouvaient l’un en l’autre. Elle admirait sa persévérance et son ambition il aimait sa bonne humeur et sa franchise. Leurs discussions étaient banales. Les faits divers, les potins d’étage. Puis ils se sont tutoyés, apprivoisés.  Elle l’attendait, il la guettait. Jamais ailleurs. Toujours ici à la même heure.

Elle continuait ses relations tordues à ne plus savoir. Il était englué dans une routine déconcertante.

Un jour sur un coup de tête elle utilisa la messagerie interne et lui envoya une invitation à déjeuner. Pourquoi ce matin plutôt qu’un autre?

Elle avait les mains moites et son cœur battait la chamade. Elle aurait voulu se cacher dans un coin un oreiller sur le corps pour se dissimuler comme elle le faisait enfant. Elle actualisait ses mails fébrilement avec chaque fois la même appréhension.

Ce matin là il aurait voulu plus.

En regardant sa messagerie il a été flatté, curieux, heureux.

Il a dit oui.

Elle a souri.

Le rendez vous était pris dans un restos éloigné de la machine à café.

Elle attendait.

Il ruminait.

Ce matin là elle s’était réveillée plus tôt qu’à l’accoutumée. La ville était encore endormie.  Elle se posait des milliers de questions. Comme toujours.

Il se réveilla comme tous les jours..

Elle s’habilla. Et si..

Il s’habilla. Puis-je?

Ce matin là elle était heureuse de pouvoir discuter plus que son capucino. Elle savait qu’il était différent. Une grande complicité les unissait et elle en avait assez des 5 minutes quotidiennes. Elle voulait tant lui dire de choses.

Il ne savait pas trop ce qu’il voulait. Quand il a fermé la porte de sa maison il n’était plus très sur   Il en mourait d’envie de la voir mais il était terrorisé de ce qui pourrait se passer. Et s’il ne pouvait résister. Et si il l’enlassait?

Quand il arriva devant son ordinateur ce matin là il ne passa pas au distributeur il ne voulait croiser son regard. Il ne le pouvait.

Tout son corps était pris d’une excitation et d’une peur enchevêtrée. Ses mains étaient moites, son cœur explosait. Il ne le pourrait. Il avait trop peur de lui. Cette fille ne le laissait définitivement pas indifférent et il ne savait si il était prêt à s’affronter. Sa raison était claire mais tout son être le trahissait. Il aurait voulu partir ailleurs juste quelques heures. Une parenthèse inconnue. Il rêvait de lui prendre la main au croisement d’un carrefour. Il l’attirerait alors contre lui. Il fermerait un peu les yeux pour s’ennivrer de son parfum. Il se perdrait dans la douceur de son cou.

Et puis la réalité.

Il avait peur.

Il appuya sur « enter ».

Elle était joyeuse en arrivant au 36 eme étage ce matin là.

Elle avait passé un peu de temps à choisir sa tenue et elle la regrettait déjà. Son cœur battait fort. Elle se demandait si les gens ne l’entendaient pas. Elle se sentait mal et tout à la fois heureuse.

Il n’était pas devant la machine à café ce matin la. Une première.

Elle alluma son Pc

Et comme elle s’y attendait il était là.

Il annulait.

*******

Si le coeur vous en dit d’écrire la suite je serais curieuse de vous lire ici ou sur votre blog.


Retour à La Une de Logo Paperblog