
The Broken, le second, est un film fantastique, Cashback, une comédie douce-amère. Et il faut bien avouer que si Sean Ellis a pu s’accomplir, c’est sûrement davantage grâce à son excellent premier film, qui laissait entrevoir tout le talent du bonhomme, qu’au second, qui, introuvable, semble avoir reçu un accueil critique et public glacial.
Son accomplissement, Sean Ellis l’a tourné sous des cieux plus cléments, quoi que, qui parle de canicule évoque l’orage qui lui succède, puisqu’il a posé sa caméra à Manille, la bouillante capitale des Philippines, pour y réaliser un thriller social percutant. Percutant comme l’orage qu’on n'attendait plus.

Car, oui, Metro Manila, et c’est assez rare pour être souligné, repose sur un scénario culotté et terriblement bien foutu. Structure inhabituelle, l’introduction est longue, mais jamais ennuyeuse, car Ellis sait manier la carotte et le bâton pour faire avancer son récit, nous faire angoisser, nous faire rire (jaune), nous émouvoir, avant de nous surprendre encore et encore.
L’histoire suit le destin d’Oscar Ramirez et de sa famille quittant leur province du nord des Philippines pour Manille dans l’espoir d’une vie meilleure. Après le choc et l’émerveillement de l’arrivée dans la capitale, les premières déceptions et les désillusions ne tardent pas, et une descente aux enfers lente et douloureuse s’amorce irrémédiablement. Lorsqu’il décroche un poste d’agent de sécurité pour une entreprise de convoyeurs de fonds, Oscar Ramirez entrevoit la fin du calvaire pour sa famille. Mais le prix à payer pour la vie rêvée s’annonce plus élevé que prévu.
Le tableau n’est pas rose, mais loin de brosser un portrait misérabiliste, Metro Manila se veut plus qu’un thriller social. C’est un film d’amour, un film militant. Militant, parce que récit universel sur l’immigration, sur un état du monde où le néolibéralisme à outrance achève de faire des trois quarts de l’humanité des damnés de la terre. D’amour, parce que c’est le lien fort, mais décrit avec une retenue désarmante, qui unit Oscar Ramirez et sa femme. C’est l’amour pour sa femme et ses enfants qui fait se mouvoir ce père de famille d’une énergie sans bornes.

Venant du clip et de la photo, Sean Ellis propose une image et une mise en scène soignées, de suggestion et sobriété, qui contraste un peu avec la dureté du sujet sans pour autant défausser le propos du film mais ajoute au contraire à l’alchimie qui en fait sa qualité.
N’en jetez plus, Metro Manila est le film à ne pas rater du moment, une belle réussite, le genre de cinéma qu’on aimerait voir plus souvent. A voir en tous les cas dès le 28 Août.
Tanguy Le Contacter la rédaction. Commenter .