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Flop : Cinquante nuances de Grey de E.L. James

Publié le 15 septembre 2013 par Aniouchka
Flop : Cinquante nuances de Grey de E.L. James
Devant le matraquage médiatique dont il a fait l'objet, c'est par curiosité que je me suis décidée, après plusieurs mois d'hésitation, à me lancer dans la lecture de Cinquante nuances de Grey. Hésitation qui aurait dû me mettre la puce à l'oreille : rarement une lecture aura été pour moi aussi pénible et dénuée d'intérêt.
Le grand amour commence par SM... Quiconque a un tant soit peu écouté le bruit qui a accompagné la sortie du livre en connaît l'histoire : Anastasia Steele, naïve étudiante en littérature, fait la rencontre de Christian Grey, homme d'affaires richissime à l'ego surdimensionné. Ayant mis le grappin sur la jeune donzelle, Grey la harcèle jusqu'à ce que celle-ci accepte de partager avec lui ses fantasmes sado-masochistes...
J'ai certes un peu forcé le trait dans mon résumé de l'intrigue, mais pas tant que ça finalement. Parce que la première chose que je dois vous signaler, c'est que ce roman est dépourvu d'intrigue : les choses sont posées pratiquement dès le départ, et les 500 pages du bouquin consistent à enchaîner les scènes érotiques dans des lieux différents. Ah si, entre deux ébats, vous avez également droit aux épanchements coupables de la pauvre Ana, qui comprend qu'elle se fait rouler dans la farine par un pervers, ce qui ne l'empêche pourtant pas de se jeter à nouveau dans ses bras à la prochaine rencontre. 
Comprenez-moi bien : le sujet sado-masochiste en soi ne me dérange pas, mais encore faut-il que l'intrigue soit intéressante. D'ailleurs, les scènes érotiques qui pullulent dans ce livre ne sont pas si choquantes que l'on veut bien nous le faire croire : ouvrez n'importe quel roman contemporain (Blue Jay Way de Fabrice Colin, par exemple), et vous y trouverez des scènes plus réalistes et parfois plus dérangeantes. Ici, les scènes sont, à quelques détails près, toutes les mêmes, et l'on finit par vite s'ennuyer. Les personnages, creux, agaçants au possible et pas attachants pour deux sous, ne rattrapent malheureusement pas l'ensemble.
Enfin, la dernière chose que je déplore dans ce livre est le style : pauvre, redondant et vulgaire. Les répétitions y sont tellement nombreuses que vous pouvez prédire à l'avance quels mots seront utilisés pour décrire les (mêmes) situations : "Je me mordille la lèvre intérieure", "Oh mon dieu !", "Et maintenant, je vais vous baiser, Ana Steele". Et là, nous en venons au fait : est-il indispensable, dans un roman érotique, d'user d'un langage vulgaire pour éveiller le désir du lecteur ? Pire, quel est l'intérêt de placer, dans la bouche d'une jeune fille, qui plus est étudiante en littérature, des mots comme "merde" et "oh putain" à chaque page ? Je ne suis pas une adepte du langage châtié, ne vous méprenez pas, mais je me demande simplement ce que ces jurons apportent au récit !
Bref, vous l'aurez compris, cette lecture a été très pénible et n'a éveillé aucun fantasme chez moi. J'ai été atterrée par la stupidité de l'héroïne, l'antipathie dégagée par Grey et la pauvreté de l'écriture. Il semblerait que, sur les trois tomes de la trilogie, ce premier opus soit le moins bon : je n'exclus donc pas la possibilité de lire la suite un jour. Mais ce ne sera décidément pas pour maintenant, laissez-moi me remettre de cette mauvaise expérience d'abord.
Cinquante nuances de Grey, tome 1 de E.L. James, JC Lattès, 2012, 551 pages


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