Magazine Journal intime

Se forcer à l’erreur, ne jamais gommer

Publié le 29 octobre 2013 par Ecribouille @Ecribouille

Lorsque j’ai pris mes premiers cours de dessin en 2010, j’arrivais fraiche et enthousiaste à l’idée de donner un peu plus de matière à mes dessins. J’avais alors déjà une pratique assez longue et des habitudes bien ancrées. En revanche je voyais bien qu’il y avait un manque technique m’empêchant de concrétiser des traits pourtant si nets dans mon esprit.

A ce moment, j’avais déjà passé de nombreuses heures à observer les travaux des grands maîtres. Tout était minutieusement examiné, tableaux gigantesques et croquis avaient droit au même traitement et j’étais particulièrement sensible aux réalisations d’Eugène Delacroix. J’essayais alors de visualiser le sens du poignet, la taille du pinceau et la posture adoptée pour obtenir un effet dont je cherchais désespérément le secret.

Croquis dans un bar parisien

Vous comprenez que j’en attendais donc beaucoup de ces cours de dessin. J’arrivais frustrée après 3 ans d’études de lettres et l’information-communication qui m’avaient plues mais qui ne m’avaient pas épanouie. Aujourd’hui, bien que je n’ai pas continué dans la voie des études d’art, je sens bien que quelque chose a changé.
J’ai su affirmer mon trait et mon discours. La vision du monde que je traduis dans mes croquis est plus franche et j’arrive à prendre partie de ne tracer que ce qui m’intéresse. Je ne suis plus dans l’exhaustivité forcée par le social et les regards à la recherche de réalisme ou de simple joli. Ces regards de proches, j’ai beaucoup attendu d’eux car ils étaient pour moi les seuls publics que j’avais. Lorsqu’on trouvait alors étrange ou peu satisfaisante un travail sur lequel je m’étais impliquée, je le ressentais comme un tiraillement dans mes entrailles.

Dessins réalisés un dimanche soir
Un portrait masculin au feutre

Maintenant cela est différent. J’ai pris parti. Chaque croquis et chaque peinture que je commence à sa raison d’être. J’ai accepté la contrainte du temps et la contrainte matérielle. J’ai accepté qu’une esquisse serait pour moi toujours la version brouillon de ce que je ferai le lendemain et que tout est une affaire de progression. Je ne peux que progresser, puisque je m’implique et m’applique !

Alors je ne gomme plus du tout. D’ailleurs, je n’emporte plus de gomme avec moi et j’ai appris à apprécier le feutre. Cet outil a changé ma perception du croquis. Il a forcé mes yeux à accélérer l’analyse d’un modèle et à accepter l’erreur que je pouvais faire. Il me permet de garder la trace de ce que je pourrais améliorer et mes corrections ainsi juxtaposées me donnent des informations sur comment faire du prochain dessin une bien meilleure esquisse du monde.

Dessin à l'aquarelle de l'intérieur du Zic Zinc


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