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Le marché du matériel d’art norme-t-il la création ?

Publié le 14 novembre 2013 par Ecribouille @Ecribouille

Au début, surtout au début et peut-être beaucoup plus par la suite, j’ai rapidement eu ne fascination pour le matériel d’art graphique. Ce sont souvent de beaux objets, bien présentés et parfois vendus dans des coffrets élégants.
Il y a aussi des convictions qu’on a quand on commence, et qui peut parfois s’accentuer avec le temps. C’est celle qu’avec un meilleur matériel, on y arrivera mieux. J’admets pour ma part avoir un grand nombre de crayons de couleurs et de types de feutres différents. En revanche, je pense avoir plus cherché la diversité que la performance. Je sais que ce n’est pas en ayant un crayon plus cher que je vais mieux saisir les volumes d’une trompette. L’outil reste un outil, il faut apprendre à s’en servir et c’est aussi de cette manière qu’on apprend à le détourner.

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Régulièrement, je recherche une nouvelle couleur pour faire mes mélanges, une nouvelle texture ou une maître de papier qui m’irait mieux. Par exemple, je me suis rendue compte qu’hormis pour faire des croquis, que j’appliquais un grand nombre de couches d’aquarelle car je mélange et de couleurs à même le papier par effet de superposition. Je suis donc passé du grammage 260 au 300 g/m2.
En revanche, j’ai des tas de choses dont je ne me sers plus beaucoup, mais que j’ai pas mal usé. J’ai effectivement voulu explorer différents médium par curiosité, ce qui me permet aujourd’hui en savoir à peu près ce dont j’ai besoin pour tout ce que j’ai envie de faire. Je pourrais presque faire de la vente tant je connais bien quelques produits !

Mais depuis quelques temps, au détour de visites des nouveaux rayons du BHV Marais, je me suis demandée si je n’avais pas été manipulée par le marketing. D’une part, je sens bien que certaines marques sont favorisées. Le placement du coin Sennelier par rapport aux autres fournisseurs d’aquarelle à tendance à faire croire qu’il n’y a que Sennellier. Mais les rayons par marque peuvent aussi empêcher d’avoir une vision globale pour faire son choix sur des types de produits. C’est simple, pour voir une autre marque de crayons de couleurs, il faut quasiment changer de rayon ! Ou au moins se déplacer de quelques mètres.

Alors les kit faits d’avance semblent être une solution. Il y a des boîtes des 12, 24, etc. crayons essentiels. Nous avons aussi les sachet des 5 feutres pour commencer le croquis, celui des 5 pinceaux à lavis. Mais en achetant tous les mêmes outils, dans le même but, dans un même contexte, notre création n’en est-t-elle pas déjà normée ? Bien entendu notre base culturelle commune n’arrange rien à cela car quiconque commençant l’aquarelle ou le fusain à des images en tête qui sont certainement les mêmes que le voisins à quelques mètres qui se demande s’il doit acheter une gomme en plastique ou une gomme mie de pain.

Heureusement, la singularité de chacun change cela et permet à tous de se différencier et de travailler sa propre manière d’aborder les outils et se définir ce qu’on pourrait appeler un style, de manière un peu prétentieuse.

Finalement la solution est sans doute le temps. Se donner le temps d’apprivoiser une technique, l’abandonner pourquoi pas au profit d’une autre. Se donner le temps de progresser par la répétition et la volonté.


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