70×100 cm
800€
lundi 22 mars 2010,
on peut le dire
on pourrait dire, binta est marchande des quatre saisons, bien qu’ici il y en ait deux
on pourrait dire, binta a l’oeil qui brille d’intelligence, il est partout à la fois cet oeil
on pourrait dire, binta est diola, son père mort, sa mère est allée vivre à kaolack,
elle est restée dans une nouvelle famille, qui l’a adoptée, c’est comme ça ici,
elle a sa vrai maman à kaolack et sa nouvelle avec laquelle elle vit ici
on pourrait dire, binta qui a du bagout sait se faire remarquer, finement au
milieu du marché, ce monde de femmes toutes plus colorées et belles les unes
que les autres
on pourrait dire, binta est curieuse, pas farouche, elle lance sa ligne avec dextérité,
en choisissant précisément sa proie et elle ferre d’un coup sec, hummmm,
je mords
on pourrait dire, binta qui a 41 ans cette année a eu un fils de 19 ans avec un
gendarme sénégalais, envoyé au darfour, depuis ils sont séparés
on pourrait dire, binta a des mains de travailleuse et des pieds d’africaine
on pourrait dire, binta entend le wolof, le diola, le mandingue, le français,
l’anglais et apprend le peule
on pourrait dire, binta est allée trois ans à l’école, qu’elle a dû quitter pour travailler
on pourrait dire, binta a parfois un regard triste qui se perd dans le vide du ciel
mais aussi binta est gaie, elle rit et fait des blagues, remet à sa place ses
copines qui se moquent d’elle avec ce toubab, là tous les matins assis qui dessine
et lui parle
on pourrait dire, binta est belle, coquine, malicieuse, bonne, sensible et gentille
on pourrait dire, comme elle me le raconte, que la beauté n’est rien si elle est
seule sans personne avec qui la partager
on pourrait dire, binta est noire et fière de l’être, mais elle s’en fout aussi, elle
n’est pas raciste, elle aime toutes les couleurs
on pourrait dire, binta aime son travail, elle aime travailler, elle est indépendante
on peut dire que j’aime binta