Je souhaiterais publiquement applaudir la démarche salutaire de quelques rêveurs norvégiens, qui se sont donné pour objectif de ralentir le rythme accéléré de notre air du temps.
La course ; certaines personnes que vous croisez en coup de vent estiment, et vous en connaissez probablement, que cela donne du style d’être pressé.
Donner l’impression de rattraper le temps en le dominant, feindre de craindre un retard, scénariser l’urgence pour se rendre intéressant, c’est un genre. À ces personnes : je propose de mieux s’organiser. Vite.
C’est donc de l’apologie du « slow » dont il s’agit. Mais non, pas le slow sur lequel vous vous êtes pris un râteau colossal en tentant votre chance sur la B.O. de la Boum – « Dreams are my reality… », tu danses ? -, non, pas celui-là.
C’est bel et bien l’éloge de la lenteur qui est fait, via la Slow TV (NRK), reliée au concept sociologique de la « pénurie temporelle ». C’est très sérieux.
Des programmes visionnés des centaines de milliers de fois proposent la vision figée d’un flanc de colline, la progression d’un bateau qui avance dans la mer, une femme qui coud en faisant tournoyer les fils, les aiguilles, et l’insurpassable feu de bois.
C’est hypnotisant : il ne se passe rien, tout se déroule au rythme de la nature. Je présume que la notion d’urgence fut inventée par l’être humain, avec, au départ, des raisons probablement valables, mais, de nos jours, elle a été dévoyée jusqu’à la rendre indigeste.
Alors, je plains les « j’suis charrette », les « overbookés », les « faut que ça pulse » et les inénarrables « il me le faut pour avant-hier »… Je leur recommande vivement de consacrer de leur « temps » à regarder la Chaîne NRK et de se reconnecter à leur biorythme.
Les trop pressés décrochent, ils se mettent dans une zone où il devient inintéressant d’essayer de les suivre ou les surpasser. Ils finiront seuls, devant sans doute, premiers peut-être, mais seuls : le beau résultat ?