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Menus de fêtes

Publié le 11 décembre 2013 par Rolandbosquet

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   Francis Hallé l’explique avec une grande sobriété ("Un jardin après la pluie", page 126, Armand Colin éditeur) : la vie sur terre est le résultat de la photosynthèse. Posez trois ingrédients des plus triviaux, de l’eau, du gaz carbonique et de l’énergie solaire, et vous aurez des sucres qui alimenteront tout ce qui vit sur la planète, flore et faune confondus. L’homme compris. Et l’on s’étonne ensuite que le mauvais cholestérol se soit emparé des artères trop richement nourries des occidentaux ! De grands branle-bas se sont échafaudés autour de cet envahisseur intempestif. Colloques médicaux organisés par les laboratoires pharmaceutiques. Campagnes de sensibilisation à destination du grand public à la télévision et les magazines féminins. Campagnes de marketing dans les rayons des supermarchés. Sus au mauvais cholestérol à l’origine de tant d’accidents cardio-vasculaires tels qu’angines de poitrine et autres infarctus. C’est pourtant, on l’a vu, dame nature elle-même qui le fournit. Il faudrait donc se méfier, aussi, de la nature et ses produits naturels. Mais comment ? Même s’il se contentait de ne manger que quelques feuilles par-ci par-là, l’homme se verrait malgré tout contaminé par le peu de sucres qu’elles contiennent. Ne parlons pas des fleurs. Leurs belles couleurs n’ont qu’une idée en tête, nous inciter à les croquer et nous apporter encore du sucre. Quant à manger du foin, n’y songeons pas. Si la luzerne, en se décomposant, apporte naturellement au sol des matières azotées propices aux cultures, elle n’en est pas moins riche en sucres divers que l’organisme humain digèrerait avec les plus grandes difficultés. La consommation de médicaments facilitant le transit intestinal s’en trouverait encore augmentée. Ce qui serait nocif au bon équilibre du budget de la Sécurité Sociale. Le gouvernement   se verrait contraint d’augmenter encore ses taux de TVA. Grâce à Dieu, le génie humain est sans limites. Une grande campagne publicitaire, financée cette fois par les éleveurs d’oies et de canards, inonde depuis quelques jours les boites aux lettres. Profitez des fêtes de fin d’année pour soigner votre cholestérol en mangeant du foie gras. Et cent recettes toutes aussi alléchantes les unes que les autres illustrent les dépliants. Pot au feu de foie gras décoré au coriandre et gingembre. Double côte de veau farcie au foie gras avec sa poêlée de girolles. Escalope de foie gras poêlée et sa Tatin de mangues. Feuilleté de foie gras landais aux légumes anciens, les nouveaux étant suspects. Saumon fumé d’Écosse au whiskey et foie gras glacé au miel. L’imagination est sans bornes pour aider le consommateur à profiter au mieux des bienfaits des ripailles de solstice tout en soignant sa santé. Si, passé le réveillon de Noël, vous ne pouvez plus supporter de voir la moindre miette de foie gras dans votre assiette, les magrets de canard et autres cuisses de dinde à la goudale, aux abricots, aux épices, aux marrons et à la graisse d’oie feront tout aussi bien l’affaire. Pour le plus grand plaisir du palais sans nuire à la pureté des artères. Si, passé le réveillon de la Saint Sylvestre, vous ne pouvez plus supporter la vue même d’une oie, reste le chocolat si bon pour apaiser les âmes tourmentées par les lourdeurs d’estomac. Ce qui montre que la nature est malgré tout bonne fille et aide le monde à tourner à peu près rond jusque dans ses excès. 


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