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Retour partant

Publié le 18 décembre 2013 par Jlk

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Notes en chemin (103)

Les mots habités. - Un retour de voyage qui ne serait pas une instance de nouveau départ laisserait un goût d'inachevé, à croire qu'on serait revenu pour rien alors qu'aussitôt tout se trouve replacé sous une autre lumière - et cela commence par tous les noms qu'on se rappelle et qui ont maintenant comme un visage ou comme un corps - comme une nouvelle coloration ou comme une odeur réellement humée - devenue réel humus de mémoire.

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De l'incarnation. - Ainsi le nom de notre Nevers d'aujourd'hui est-il différent du Nevers d'avant que seuls des livres ou des films évoquaient, et le nom de la Loire, roulant sous nos yeux ses eaux chocolatées, tout autre sous le ciel de novembre que celui du fleuve rutilant à la télé d'un château l'autre, sans parler de ce nouveau nom révélé à l'apparition dans les monts basques des petits chevaux en liberté: ces pottoks chevelus dans la forêt des Arbailles - le mot pottok, le nom d'Arbailles - chaque nom plus incarné serti dans la chaîne des mots désormais habités.

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Poète en partance . - Enfin le retour, toujours, reste un peu déroutant. On  se sent, tout à coup, comme dépossédé et titubant. Le tas de choses à raconter se volatilise: on se sent un peu con, largué à la lecture, par les journaux, de tout ce qui s'est passé entre temps - que tout ça ait pu continuer d'exister en notre absence ! Mais l'actuelle communication est telle que rien ne nous surprend vraiment en l'aimable platitude de la vie ordinaire retrouvée. Après les vitraux de Bourges ! Altamira ! Les rues de Séville ! L'inscription VIVIR MATA sur les murs de Grenade ! La magie de tous ces noms ! La vie révélée par ces mots !

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Or voici que d'autres mots nous attendaient dans un livre reçu, qui relancent aussitôt un nouveau voyage: miracle d'un poème à couleur rouge et noire de Lettera amorosa à la passion perdue. Perte et fracas mais étincelante musique et toute d'aujourd'hui pour dire ce qui remonte à Lascaux. Lancinant comme un blues, enragé d'amour comme un rap. Aussi délicat qu'un Lied. Tout en ruptures de rythmes aussi, comme dans la vie.  Avec cet envoi final: "Demande à la poussière ou ne demande pas, mais exige tout de l'amour, toujours, tout".

Et qui nous embarque ainsi pour une nouvelle équipée ? Le dénommé Flynn Maria Bergman, sur son vaisseau de papier Fiasco FM...   

Flynn Maria Bergmann. Fiasco FM. Art & Fiction, 2013.   


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