Magazine Humeur

Conte de Noël

Publié le 20 décembre 2013 par Rolandbosquet

conte

   Comme chaque année avant l’arrivée des vacanciers en chambres d’hôtes, Hélène et Sébastien ont réuni leurs plus proches voisins. Marthe Dumas du Mas du Goth et Joseph, son "homme de main" comme elle dit, sont arrivés les premiers avec le dessert, un modeste gâteau de Savoie à la confiture maison. Juliette et Mathieu n’ont apporté que leur petite Anaïs qui s’est empressée de jouer avec Lassie, le colley d’Écosse de Sébastien et d’emplir la maison de ses rires aériens. J’étais quant à moi chargé du vin et passai le seuil avec un Madiran vieilles vignes de la maison  Capmartin. Le repas s’ouvrit avec un feuilleté garni au fromage de chèvre d’un producteur de la vallée, de tomates séchées et d’un soupçon de piment d’Espelette. Un canard de l’élevage de la ferme cuit au miel récolté dans les ruches de l’apiculteur du village s’ensuivit avec sa garniture de pommes. Mais l’important n’était pas dans les assiettes mais bien autour de la tablée. Ce fut l’occasion de rappeler les bonheurs et les déceptions de l’année, de se livrer à des joutes de plaisanteries qui ne désignèrent aucun gagnant et de brosser les perspectives pour l’année à venir. Sébastien profita du café pour nous conter l’histoire du sieur Tom Crist. Nul n’avait jusqu’à ce jour entendu parler de ce Canadien de la ville de Calgary dans la province d’Alberta. Il avait en effet vécu une vie tout à fait ordinaire entre une épouse décédée des suites d’un cancer en février 2012, des enfants fort probablement aimants et attentionnés et une florissante entreprise de matériel électrique. La retraite occupe tranquillement ses journées et il n’en demande pas plus à l’existence. Jusqu’au jour où il achète un billet de la loterie et qu’il gagne au tirage de mai dernier la coquette somme de 40 millions de dollars. Et c’est là que les ennuis commencent. Comme il l’explique lui-même au micro de la chaîne de télévision CBC, il n’a pas besoin de cet argent pour vivre. Il décide alors d’attendre les fêtes de Noël pour profiter du fait que les gens auront autres choses à penser pour faire la photo obligatoire. "Les gens ne se rendront pas compte, espérait-il. Mais cela ne s’est pas déroulé comme je le pensais !" Il faut dire qu’il déclara en recevant son chèque qu’il le reverserait en totalité à des œuvres caritatives. La nouvelle fit rapidement le tour du Landernau et dépassa bientôt les frontières. On dit même qu’il aurait déjà donné 1,2 millions de dollars à la Fondation contre le Cancer de sa belle province d’Alberta. Veut-il ainsi remercier les chercheurs du décès de son épouse ou des soins qu’ils lui ont apportés ? Seul le mauvais esprit d’un vieux bougon peut soulever une telle question. Quoi qu’il en soit, affirme-t-il, "Je suis heureux d'avoir gagné l'argent. Et je suis heureux d'être en mesure de le redonner. J’ai de la chance, grâce à ma carrière, j’ai bien gagné ma vie. J’ai assez pour prendre soin de moi et de mes enfants." N’est-ce pas là l’essentiel ? Mathieu Ricard nous enseigne dans son "Plaidoyer pour l’altruisme" que l’avenir de l’homme et de l’humanité est dans le souci de l’autre. Jacques Attali achève son dernier essai, "Histoire de la modernité", par la même conclusion. "À l’avenir, chacun aura intérêt à ce que l’autre soit heureux, cultivé, riche et en bonne santé". Ce que confirme depuis longtemps le fameux proverbe bantou lorsqu’il affirme que "mieux vaut chanter au milieu d’une famille opulente que se morfondre seul sur un banc d’hôpital". N’est-ce pas surtout ce que prêchait jadis un fils de charpentier sur les rives du lac de Tibériade :"Aimez-vous les uns les autres" ? Les contes de Noël sont toujours plaisants à entendre. Ils font rêver et aident le monde à tourner un peu moins mal. Au moins pendant quelques heures.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rolandbosquet 674 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine