Magazine Journal intime

Récit d’accouchement: « ca y est elle est là »

Publié le 18 janvier 2014 par Madameparle
crédits photos Schwangerschaft

crédits photos Schwangerschaft

Yes yes je suis contente j’ai reçu plusieurs récits ces derniers jours. Si vous aussi vous avez envie de nous faire partager ce moment si particulier dans une vie. Si vous avez eu une grossesse multiple, un accouchement naturel, à l’étranger. Mais aussi si vous avez eu une expérience plus difficile et que vous avez envie de la raconter je vous laisse cet espace. Vous devez m’envoyer votre récit à [email protected]. Les seules contraintes sont de ne pas écrire en SMS et d’utiliser un correcteur d’orthographe.

Cette semaine je laisse la place à Cécile qui nous raconte la naissance de sa première fille.

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10 août 2012. je suis à plus de 40 semaines d’aménorrhée. J’ai des rendez-vous réguliers pour des petits contrôles dans ma maternité mais rien ne vient. Je n’ai pas l’ombre d’une contraction. C’est l’été, j’ai trop chaud, je m’ennuie, je gonfle, je pleure, j’en ai marre.

Lors d’un énième monitoring, j’évoque à la sage-femme le fait que je trouve que mon bébé bouge moins. Elle me convoque donc dès le lendemain afin de contrôler que tout va bien. J’y retourne le lendemain et tout va bien. Le surlendemain, je déjeune avec une amie. J’ai tout de même l’impression que le bébé est très calme. Notre déjeuner finit, je me rends à la maternité, l’estomac un peu noué.

Une fois arrivé, la sage-femme m’annonce d’emblée que je ne ressortirai pas et qu’elle me garde. Je fonds littéralement en larmes. J’ai peur, j’angoisse, je culpabilise, les sentiments sont confus et tellement contradictoires avec mon envie de rencontrer ce bébé que j’attends depuis toujours. J’appelle mon mari, qui est au travail et qui passe immédiatement chez nous récupérer mes affaires avant de me rejoindre. La sage-femme me dit qu’il a le temps mais j’ai hâte qu’il arrive pour me rassurer. Malgré la chaleur du mois d’août à Paris, je me sens tremblante de peur et ne peut m’arrêter de pleurer.

Quand mon mari arrive, je suis encore sous monitoring. Puis, on m’envoie dans ma chambre, que je découvre à ce moment-là. Nous sommes un vendredi soir et en août, les services administratifs ferment plus tôt. Je ne peux donc pas avoir la télévision. La vision du dîner finit de plomber mon moral. Une sage-femme passe pour me poser le tampon de propess. Je renvoie mon mari à la maison dans la soirée afin qu’il se repose un peu avant le grand jour. J’essaie de me reposer mais je n’y arrive pas, j’ai un gros mal de crâne et l’estomac si noué…

Le lendemain, mon mari me rejoint à la première heure, sa présence à ces moments-là est si rassurante… Nous passons quelques heures ensemble, on joue aux cartes, on regarde un peu la télévision que j’arrive enfin à avoir, on parle, puis il part nous chercher à déjeuner. Un peu trop tard apparemment, puisque vers 14 heures on m’appelle pour monter en salle de naissance. Je n’aurai pas le temps de déjeuner donc ! je téléphone vite à mon mari pour lui demander de revenir, je ne veux pas monter sans lui.

A son retour, nous montons avec nos affaires. Il n’y a qu’une seule autre femme qui accouche à ce moment-là, et 2 sages-femmes de garde. On m’installe, on me pose la fameuse perfusion à 15 heures. Les contractions arrivent doucement, mais restent gérables.

Les 2 sages-femmes de garde sont très différentes: une vieille, un peu sèche, et une jeune, blonde et toute ronde, plus sympathique.

La plus âgée vient me voir et me dit qu’elle va percer ma poche des eaux et que cela va accélérer le travail. Elle me dit aussi que je peux demander la péridurale quand je veux. J’ai si peur d’avoir mal que je la demande immédiatement. L’anesthésiste passe quelques instants plus tard et me pose la fameuse péridurale qui me faisait si peur ! Au bout de quelques instants, je sens une vague de froid de partout, le produit fait effet. La sage-femme me perce la poche des eaux et nous attendons que le travail avance, tandis que je cherche la position la plus confortable pour moi.

Mon mari lit un livre sur Napoléon, je lis Oops, c’est tout ce que mon cerveau autorise à cet instant. On joue aux cartes, mais j’ai du mal à me concentrer. Les sages-femmes passent me voir de temps en temps. On rit tout de même car ma salle de travail a le privilège d’avoir une immense baie vitrée avec vue sur les immeubles d’en face. Je me demande si tout le bâtiment va avoir droit à suivre en direct la naissance de ma fille.

Vers 18 heures, tout s’accélère. La plus jeune des sages-femmes m’annonce que le travail n’avance pas puisque j’ai été déclenchée à 3 et que je suis seulement à 4. Si d’ici une heure, le col n’a pas bougé, je passerai au bloc pour une césarienne. Bizarrement, je vis cette annonce avec un immense soulagement. Elle décide de me préparer pour le bloc. A ce moment-là, de manière quasi-immédiate, je ressens toutes les contractions. Elles ne sont pas fréquentes mais très longues et douloureuses. J’ai très mal et la sage-femme plus âgée passe me voir, elle m’annonce qu’en une demi-heure, le travail a bien progressé ! Elle, que je trouvais si froide, me rassure et me dit que je vais accoucher par voie basse, que mon col est juste en train de se raccourcir. L’histoire lui donnera raison.

Je passe assez rapidement de mon 4 quasi-initial à une dilatation complète. Les sages-femmes finissent leur garde et une jeune sage-femme vient me voir. Elle est accompagnée d’une puéricultrice et d’une étudiante en médecine. Elle me prépare. Mes contractions sont toujours assez espacées mais longues. La puéricultrice me coache, mon mari reste observateur, intimidé par tant d’agitation autour de moi. En quelques minutes, je vois sa tête, toute chevelue, et bêtement je demande « mais c’est elle? » !

Une poussée plus tard, la sage-femme me dit de l’attraper, mais cela me semble au dessus de mes forces, je demande à mon mari de m’aider. Il me pose cette petite crevette rose sur le ventre et j’ai le sentiment de crier à ce moment-là « CA Y EST, ELLE EST LA ». Elle est enfin là, cette petite crevette de 3 kilos qui ouvre de grands yeux et semble nous observer si tranquillement. Je la regarde si magnifique et nous restons dans cette salle de naissance au temps suspendu pendant 2 heures. La lumière des néons ne m’a jamais semblé aussi sublime et j’ai l’impression d’être seule au monde avec ma petite fille et son papa.

Dans quelques semaines, je m’apprête à donner à nouveau la vie. Si j’espère cette fois-ci connaître une naissance naturelle sans déclenchement, je garde un souvenir exceptionnel de cette naissance. La peur initiale avait laissé place à une sensation de douceur et à un amour infini pour une petite crevette rêvée mais encore inconnue. J’espère connaître à nouveau ces sensations si magiques et au-delà de tout, ce sentiment d’évidence qui rend tout le reste si futile.


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