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Peines de coeur

Publié le 14 février 2014 par Rolandbosquet

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   On connaissait le fameux déodorant corporel qui, appliqué sous les aisselles, supprime les mauvaises odeurs de transpiration pendant 48 heures "chrono". La jeune femme peut virevolter de défilé de mode en discothèque sans craindre la plus fugace ombre grise sur sa robe immaculée. L’homme lui-même peut traverser Paris par les toits et revenir par les trottoirs, juste à temps pour retrouver son fils à la sortie de l’école, sans la moindre auréole sous ses bras vigoureux. (Ils pourraient d’ailleurs ainsi ne prendre une douche qu’un jour sur deux : lire à ce sujet ma chronique du 16 octobre 2013 intitulée histoire d’eau). De nombreuses autres applications tout aussi miraculeuses sont également sur le marché. Ainsi ce déodorant buccal  parfumé à la menthe et à base d’allium sativum qui repousse le terrible campylobacter jejuni si funeste à une digestion apaisée. Le déodorant podologique Ripaton qui aère les orteils et en éloigne le sinistre "œil de perdrix". Ou encore le déboucheur du docteur Esgourde qui délivre les malentendants d’une surdité si incommodante lors des retransmissions de matches de football à la télévision. Un nouveau pas vers le progrès vient  d’être franchi. On connaissait les effets de l’androstenol, cette phéromone qui attire la gent féminine. On connaissait la phenyléthylamine qui conserve les protagonistes de l’accouplement dans l’euphorie du moment. Elle peut même les conduire à recommencer sans attendre. Mais on savait également que ces états ne perdurent jamais très longtemps. Des chercheurs scientifiques  du Centre Médical de l’Université de Bonn, en Allemagne, ont pu prouver que l’ocytocine, une molécule produite par le cerveau, pourrait pérenniser les effets de sa cousine la phenyléthylamine. Par une alchimie qu’ils décrivent dans leur publication dans le "Proceedings of the National Academy of Sciences", l’ocytocine augmenterait l’attrait des deux comparses l’un pour l’autre. La nouvelle avait, en son temps, provoqué maints sourires en coin et autres ricanements. Pourtant, à notre époque qui voit le nombre des divorces et des séparations augmenter à un rythme plus rapide que celui des mariages, une médication favorisant la monogamie devenait urgente. On avait déjà l’aspirine contre les maux de tête, le citrate de sildénafil pour les performances viriles et la pilule Kifémégrir contre les angoisses féminines. On aura bientôt l’aérosol qui garde le mari à la maison. Plus besoin de lui concocter des petits plats réputés aphrodisiaques. Plus besoin de lui offrir des scènes dégradantes en dessous affriolants. Plus besoin non plus de le rendre jaloux avec le jeune et mignon neveu des voisins (quoique…). Il suffira d’appuyer subrepticement à son approche sur le bouchon dudit flacon. Le jet de gaz l’enivrera sans coup férir et il s’assiéra sagement dans le canapé. Si, s’ébrouant par inadvertance, il en réchappait, resterait encore à la conjointe abandonnée la possibilité de humer elle-même la précieuse molécule. L’inventeur est formel : elle l’aidera à surmonter la douleur de l’absence. On voit par là combien la science et la technique sont indispensables à la bonne marche du monde. Surtout lorsqu’il tourne de travers.

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