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Avantage acquis

Publié le 28 février 2014 par Rolandbosquet

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   Comme le faisait remarquer à juste titre notre bon ami du Donon (son billet du 1er février : http://vududonon.canalblog.com), le mois de février a été fort arbitrairement amputé de deux journées. Selon lui, c’est dans l’espoir d’inverser la courbe du chômage, qu’un certain gouvernement en aurait intentionnellement ôté deux unités. Voilà qui est, permettez-moi de le dire, fort désobligeant à l’encontre d’une administration qui travaille. Son chef l’a encore réaffirmé tout récemment. Il doit y avoir une autre explication. Certains pensent en effet que le mois de février doit cette mutilation aux Étrusques eux-mêmes. Februa était leur dieu de la mort et de la purification et le mois de février lui était tout spécialement consacré. Or, selon Hérodote, la civilisation des Étrusques remonterait à la plus haute antiquité.  Lucrèce, dans son "De Natura Rerum" parle même de l’âge de fer. Soit le dixième siècle av JC. Il ne serait pas étonnant qu’après tant de lavages et de rinçages, le mois de février ait rétréci au point de perdre deux jours entiers. N’importe quelle ménagère estimerait même qu’il a fort bien résisté aux polyphosphates et autres alkylarylsulfates. En fait, le mois de février  avait perdu ses deux derniers jours depuis longtemps déjà lorsque Jules César institua le calendrier Julien en l’an 46 av JC. Il procéda certes à une réforme mais des plus modestes. Les années bissextiles revenaient alors une année sur deux et étaient l’occasion pour les Étrusques particulièrement ripailleurs et fêtards d’agapes fastueuses et pantagruéliques. Afin d’alléger les charges de l’État, Jules César décréta que les années bissextiles ne reviendraient désormais qu’une année sur quatre. On ne devait guère revoir par la suite un aussi grand respect de l’argent public. Ce fut sur cette base que le pape Grégoire XIII institua son propre calendrier en 1585. Nul n’osa plus y apporter la moindre modification. Pas même le plus insignifiant ministricule en mal de notoriété.  Quant à la perte des numéros 29 et 30 de son répertoire, c’est le mois de février lui-même qui en serait le seul et unique responsable. En effet, à l’époque des Étrusques, l’année commençait avec les ides de mars en l’honneur du dieu de la guerre. Il valait mieux sans doute ne pas badiner avec la préséance. Février arrivait ainsi en douzième position. Chaque mois avait sa caractéristique et sa fête personnelle. Il ne restait plus rien de disponible pour le dernier arrivé. Il fut contraint de négocier. Dans la lointaine ville de Vatluna, il était de tradition de marquer le retour de la lumière par la festa candelarum et la confection de crêpes symbolisant le soleil. Cette coutume fut attribuée au mois de février à la condition toutefois qu’il abandonne ses deux derniers jours afin que le décompte de l’année reste stable. Les syndicats de pâtissiers se battirent avec âpreté pour que février conserve son avantage acquis. Ses deux derniers jours furent alors définitivement  perdus pour lui.  De nouvelles négociations à la faveur d’un éventuel pacte à venir pourraient-elle en décider autrement ? Le monde tournerait-il alors un peu moins de guingois pour autant ? Cela reste à déterminer.

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