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Mais où sont les merdes d’antan ?

Publié le 04 mars 2014 par Legraoully @LeGraoullyOff

« C’est un fait que nous souffrons de nihilisme. Mais le plus admirable, ce sont les prêches sur les « retours ». (…) Pour accorder à ces baumes une ombre d’efficacité, il faudrait faire comme si nos connaissances n’existaient plus – comme si nous n’avions rien appris – feindre d’effacer ce qui est ineffaçable. » (Albert Camus)

01-24-Résister à l'hiver

Imaginons un instant que je sois né quarante ou cinquante ans plus tôt…

J’aurais peut-être connu la guerre et l’occupation, ces si beaux cadeaux que les maîtres de monde ont fait à tant de petits enfants…

J’aurais grandi dans une ville en pleine reconstruction où les gens n’ont en guise de logement que des baraques en bois froides et minables…

L’instituteur m’aurait tiré les oreilles jusqu’à les arracher à moitié ou m’aurait donné des coups de règle en fer sur les doigts, me mettant dans l’incapacité absolue de dessiner…

Mas aînés m’auraient fait subir Tino Rossi et Mireille Mathieu à la radio à longueur de journée puisque Brassens n’était pas encore arrivé…

Je n’aurais pas échappé au catéchisme et monsieur le curé, qui est si bon, m’aurait inculqué la frustration, la culpabilité et l’obéissance aveugle…

Je n’aurais pas pu faire d’études à moins de m’expatrier étant donné que la faculté de lettres de Brest n’existe que depuis 1994…

J’aurais dû attendre d’avoir 21 ans pour pouvoir voter et même tout simplement pour pouvoir être considéré comme un adulte capable de prendre des décisions…

Je n’aurais pas échappé au service militaire et l’armée m’aurait volé un an de ma vie, au mieux en Allemagne à obéir à des plus cons que moi, au pire en Algérie à dépecer du fellagah…

On m’aurait soigné les dents sans anesthésie ou alors j’aurais pu attraper la polio, la médecine disposait déjà de techniques de pointe en ce temps-là…

J’aurais peut-être enfermé avec les dingues dans un asile, tel était le sort des surdoués que l’on pensait autistes de types Asperger…

J’aurais vu mes meilleures amies vendues comme des pouliches à des maîtres exécrés avant de se faire battre à mort par leurs conjoints dont le « crime passionnel » serait resté impuni…

J’aurais vu mes copines crever la gueule ouverte dans les pattes de faiseuses d’anges qui auraient tenté de les faire avorter dans un réduit poussiéreux et insalubre…

J’aurais vu mes amis homosexuels obligés de faire taire leur vraie nature sous peine d’être envoyés à l’asile à moins d’être lynchés…

Non. Non, décidément, tout n’était pas mieux avant.

Le plus marrant, si j’ose dire, c’est que les vieilles croutes qui disent le contraire ne voudraient sans doute pour rien au monde revenir à l’époque où ils n’avaient pas Internet pour exprimer leur passéisme…

Vivement qu’on trouve un traitement contre Alzheimer !


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