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Asperula odorata

Publié le 06 mars 2014 par Rolandbosquet

asperule_odorante

   On sait depuis la plus haute antiquité que le marrube commun, à condition d’être cueilli en pleine fleur et consommé en infusion (de 15 à 30 grammes par litre d’eau), aide grandement à la digestion. On sait aussi que l’aspérule odorante, à condition d’être cueillie en début de floraison, séchée et consommée elle aussi en infusion, (une cuillère à soupe par tasse, laisser infuser cinq minutes), facilite tout autant le transit intestinal. On voit par là que, depuis toujours, nos ancêtres se sont fait souci non seulement de manger bien et bon mais également de digérer dans les meilleures conditions. C’est que la première préoccupation de l’hominidé comme de tout animal est de se restaurer. Face à la profusion de plantes, fruits et autres champignons que dame nature offre à sa convoitise, il doit faire des choix. Entre le nourrissant et le néfaste. Entre le goûtu et le déplaisant. Entre le beau et l’amer. Car dame nature n’est point toujours aussi bonne que le prétendent les ravis du bio et il convient de ne pas s’abandonner à la facilité en la matière. L’amanite phalloïde est un bel exemple de piège à éviter. Des téméraires l’ont payé de leur vie. Hélas, avec le temps naissent parfois sur ces sujets les rumeurs les plus folles. Ainsi le lait deviendrait-il nocif. Il fut une époque où les plus pauvres manquaient non seulement d’un toit décent, l’abbé Pierre l’a assez répété, mais également d’apports nutritionnels suffisants. En réelle empathie avec cette partie de la population (ce sentiment existait encore à ce niveau de la hiérarchie), un Président du Conseil décréta alors la distribution de lait obligatoire dans les écoles. Mais notre société contemporaine, repue et critique en tout, découvre un jour un lien entre le facteur de croissance IGF-1 contenu dans le lait et le cancer. Le cancer étant la maladie du siècle avec le mal de dos, le stress au travail et l’adultère, la rumeur déconseille donc la consommation de lait. Elle ne se fonde là bien sûr que des approximations. Dans notre monde complexe et ramifié à l’extrême, on trouvera toujours un lien avec tout. C’est pourquoi les Autorités Nutritionnistes se sont-elles scientifiquement penchées sur ces questions. Il ressort de leurs réflexions  que le lait est et demeure profitable pour la santé et que manger 5 fruits ou légumes par jour l’est tout autant. Dans les laboratoires de pensée que sont les agences de marketing, les meilleurs cerveaux travaillent d’arrache pied sur ce thème. Les publicités fleurissent bientôt sur les murs des grandes villes et les rayons des supermarchés : mangez des épinards, des courgettes, des potirons, des salsifis scorsonères et des topinambours. On croirait entendre les remontrances de nos grand-mères : mouche-toi avant de dire bonjour à la dame, ne met pas tes doigts dans ton nez ni tes coudes sur la table et, surtout, ne mange pas entre les repas, ça fait grossir. À quoi bon en effet suivre à la lettre les recommandations du Docteur Protéines dans l’espoir de maigrir un peu si, dans le même temps, vous mangez une tablette de chocolat entre les repas  pour apaiser vos nerfs ainsi mis à mal ?  Il vaudrait bien mieux remplacer la fève de cacao par l’aspérule odorante. Elle aide également à lutter contre la neurasthénie et vaut toutes les médications. Mais, bien sûr, c’est beaucoup moins bon, forcément ! On voit par là que le monde a vraiment le choix dans sa manière de tourner plus ou moins rond. (Lire "Les plantes médicinales du Limousin" de Monique et Daniel Borzeix, Éditions des Monédières 1986)

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