Qu’est-ce qu’un animal de compagnie ? C’est un animal recevant la protection de l’homme en échange de sa présence, de sa beauté, de sa jovialité ou pour ses talents (Wikipédia). Je n’en parlerai pas à mon chat César. Il me rétorquerait que je ne justifie d’aucune de ces qualités. En tout état de cause, la France serait peuplée d’autant d’animaux de compagnie que d’êtres humains (source notre-planete.info). Des chats, bien sûr, et de plus en plus nombreux. Des chiens, des furets (pour la chasse aux souris), des visons (pour le rêve), des alpagas (pourles écharpes), des chevaux (pour les courses du samedi), des lagomorphes (en prévision du repas dominical en fin de mois. On n’est jamais assez prévoyant !), des oiseaux, des rongeurs, des poissons (pour leur silence reposant), des reptiles et des amphibiens. À ce propos, je voudrais parler de la cistude. Attaquée de toute part, méprisée, rejetée, cette charmante petite tortue de la famille des Emydidae est actuellement en voie d’extinction. Je profite donc de l’occasion pour lancer à nouveau, ici, un solennel cri d’alarme : sauvons la cistude d’Europe ! (Ma chronique du 13 octobre 2011) Maispourquoi les françaises et les Français ressentent-il tant le besoin de vivre avec un animal de compagnie ? De nombreuses études psychologiques ont émis les thèses les plus savantes. Peu sont réellement satisfaisantes. À croire qu’elles ont été rédigées, en réalité, par des yorkshires en mal de reconnaissance ou des matous un peu pervers ! Mais des philosophes aussi prestigieux que Michel Onfray ou même André Conte-Sponville devraient bien un jour ou l’autre s’emparer du sujet. À moins que l’explication ne soit fournie par les sociologues. Il suffirait en effet à quiconque éprouverait le besoin de partager quelques instants d’affection d’allumer son poste de télévision. Nous pouvons écarter d’emblée les animateurs et autres journalistes. Ils accaparent si longtemps les écrans qu’ils n’apparaissent plus guère que comme de simples passeurs d’images. Comment la veuve recluse dans son deux-pièces-cuisine au douzième étage de son immeuble de banlieue pourrait-elle éprouver une réelle empathie pour ces silhouettes-tronc au sourire carnassier ? Les hommes et les femmes politiques, par contre, régulièrement présents eux-aussi, partagent avec le chat l’art de caresser dans le sens du poil. Le ronronnement continu de leur discours ne pourrait qu’aider l’insomniaque à trouver le repos et le craintif le courage d’affronter la rue de plus en plus sûre selon le ministre des rues. Grâce à la langue de bois si souvent pratiquée, le bricoleur pourrait se lancer dans la fabrication de jouets pour le noël des nécessiteux et donner ainsi un nouveau sens à sa vie. Nul besoin, comme on le voit, de s’encombrer d’un matou qui n’aura de cesse de courir la gueuse dès la nuit tombée, d’un chien qui aboiera à chaque va-et-vient de l’ascenseur au risque de réveiller le nouveau-né du quatrième qui se mettra à hurler à quatre heures de matin, interrompant ainsi le sommeil de tout un pâté de maisons ou d’un perroquet qui insultera le facteur, le plombier qui frappe à la porte d’en face ou le livreur de pizza qui sonne régulièrement chez les jeunes du cinquième. Mais si les politiciens de tout bord ne parvenaient pas à satisfaire les plus exigeants, car il y en a, restent les sites internet de rencontres. Comme l’expliquent très souvent leurs directrices, il est possible d’y trouver son animal de compagnie idéal. Elle pourrait faire la vaisselle. Il pourrait descendre la poubelle. Elle retrouverait immanquablement la chaussette égarée. Il participerait aux achats hebdomadaires des paires de chaussures… Certains diront que les animaux sont plus fidèles. Certes ! Mais ils vivent moins longtemps ! On voit combien les avantages dépasseraient largement les inconvénients. Le monde tournerait-il ainsi un peu moins de guingois ? Là, c’est une autre affaire.
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