Magazine Journal intime

Schizophrénie weekendesque

Publié le 11 juin 2007 par Thierry
Certains lundis sont si gris, si austères, si cotonneux, qu'on a l'impression que le ciel ne s'est pas bien reveillé et que même le jour est sous somnifères. Un lundi comme un dimanche : dans le gaz, pas envie de bosser, assis à siroter son café, et à lire la presse, lentement. Charlotte Gainsbourg dans les oreilles. Un lundi cotonneux comme un dimanche. Impossible de bosser, c'est clair. Alors on pense au dernier week-end. Aux derniers week-ends.

Il y a d'abord eu le week-end de la Gay Pride, si tourbillonnant, si festif. Un samedi plus qu'ensoleillé, passé, comme tout Pd lillois qui se respecte, à la Gay Pride du village, accompagné de C&T.
M'étant souvenu de la souffrance que la chaleur m'avait fait endurer l'année précédente, ma tenue se limitait à un simple Tshirt blanc American Apparel et un Khaki Gap beige. D'un autre côté, se retrouver entouré de tous les Pds de la ville sans faire primer l'esthétique sur le confort vaut-il la peine d'être vécu ? C'est donc fièrement que je me chaussais de mes adorables et néanmoins douloureuses sandales Gucci.

Que raconter d'une Gay Pride ? 6000 personnes dans les rues, 35 ° au compteur, des bises à des messieurs que l'on connaît ou reconnaît, plus de chars que l'année précédente, plus de monde aussi. De la musique, des gens qui dansent, qui crient. Des sourires, des rires. Des coups de téléphone. Des retrouvailles. Pas beaucoup de jolis garçons. Mais quelques-uns quand même. Et quelques photos.

Schizophrénie weekendesque
Schizophrénie weekendesque

Schizophrénie weekendesque
Schizophrénie weekendesque

Puis une soirée. Précédée d'un gros barbecue en terrasse. Musique, alcool, puis direction Tchouka.

Arrivés à 01.30, le club est assez peu rempli. Ce qui me permet de m'asseoir ( me, oui, je suis le seul qui se sera assis durant cette soirée.) au bar. Vodka. Clope. Vodka. Clope. Bisou à C&T. Clope. Vodka. Clope. Clope. Champagne. Clope. Danse. Champagne. Vodka. Danse. Danse. Bisou à C&T. Clope. Danse. Vodka (ou champagne, j'avoue qu'à partir d'un moment, je ne sais plus trop ce que je bois...). Mon cardigan, qui complète ma jolie tenue " British Parisian" me donne chaud.
Les hommes regardent. Flirtent. Tentent une approche. Je n'ai pas envie de ça. Pas ce soir. Ce soir, je suis avec mes amis et mon cher et tendre. Je fête les pds. Je suis bien, détendu, entouré, heureux. C&T ne le vis pas très bien, d'ailleurs. Je le rassure. Il m'avouera plus tard qu'il a du passer la soirée à faire le cerbère (ce dont je ne m'étais pas rendu compte) et que s'il avait l'habitude de faire ça pour ses ami(e)s autrefois, faire ça pour son homme l'a mis dans une rage et une angoisse qu'il ne se connaissait pas. Et du coup, il me reparlera de mon départ pour Paris... En attendant, je danse encore. Puis on repart. Il fait jour. Taxi, maison, dodo. Il est 07.00...

Le dimanche sera tout aussi citadin. Levé 14.00. Une douche, un jean, une chemise, et en route pour le Basilic Café pour un brunch avec L.. C&T reste à l'appart' pour y comater tranquillement.

Je reviens à la réalité, réponds au téléphone, envoie quelques mails pro et moins pro. Publie un article sur l'intranet, descends chercher la livraison de mon imprimeur, le Chronopost de mon agence. Puis me ressers un café. Je me réveille un peu, mais pas encore assez... Alors je pense au week-end qui vient de s'écouler, cette fois.

Un burger, un jus d'orange/citron/pamplemousse, la Voix du Nord, le Elle de la semaine, de la semaine dernière et de la semaine d'avant. Un café et des fraises. Trois heures à feuileter des magazines. L. et moi ne parlons pas. On tourne des pages. En buvant les cafés. Nous nous échangeons les canards, ou commentons les pages/tenues/ commentaires. Journée calme et voluptueuse. Toute en cigarettes et en grâce indolente.

Un samedi si différent du précédent. Allongé dans les bras de C&T, affalés devant la télé. DVD sur DVD. Levé depuis peu, quelque soit l'heure. Ma mère arrive à 18.30. Je me prépare dès 17.20. Je passe le week-end en famille. Je suis content, je vais voir mes deux petits frangins, rencontrer la chère et tendre de V., et pouvoir passer la soirée à faire les cons avec eux. Insouciance, et relâchement total. Faire le con, sans pudeur, sans penser. Juste me marrer comme un gosse avec mes frangins. Après un week-end passé non-stop en ville, voici un week-end loin de la civilisation, où tout ce que tu dis, fais, porte, n'est pas épié, commenté, gossip é.

Champagne dans le jardin de la maison familiale. Ma mère en forme et en sourires, explique à H., nouvelle et seule fille de la maison, comme elle est ravie de voir ses gamins chacun si différent et chacun si bien dans sa peau. Mon frère et moi parlons cinéma. Dîner en famille. Discussions dans le jardin noir de nuit. Je fume avec cette charmante et jolie fille que mon frère a choisi. Enfin, je ne suis plus seul à fumer dans cette baraque ! On rit. On échange. Ma mère s'endort.
01.25, je me démaquille en pensant que j'aurai aimé passé plus de temps à discuter avec mon frangin. Mais il a une copine, maintenant. Finalement, l'insouciance et les enfantillages sont peut-être révolus...

Dimanche-déjeuner chez mes grands-parents. Je me chamaille avec mes petits frères, ce qui, comme d'habitude, énervera Maman. V. déclame mot pour mot ce qu'elle dira trois minutes plus tard. D'où éclats de rire. D'où énervement de Maman...
Le repas terminé, on se lance dans un nouveau jeu : sauter au dessus du grand parterre qui surplombe le jardin -si possible sans bousiller les fleurs de ma grand mère- pendant qu'un autre prend des photos du saut. Le jeu, au delà de réussir à franchir la plate-bande, consiste à trouver une position, une fois en l'air, à la fois esthétique et farfelue. Et éviter de mourir, aussi. Finalement, l'insouciance et les enfantillages ne sont peut-être pas si révolus que ça...

Schizophrénie weekendesque
Quelque vingtaine de photos démentielles plus tard, me voilà de retour dans le train. Le trajet sert de frontière. Petit à petit, je retrouve mon village, mes habitudes, ma vie de Lillois. Un pied en gare, et la métamorphose est accomplie. Je remet ma veste malgré la chaleur, je mets mes lunettes malgré le ciel nuageux. Un couple de messieurs mate. Moi pas. J'ai hâte de retrouver C&T. De me débarasser de mes fringues et de ce costume. de m'affaler devant "Prête-moi ta main", allongé dans ses bras. Ce week-end, je n'ai pas envie de ce rôle. Je veux encore un peu être un gosse. Un môme insouciant. Et je le finirai en m'endormant les yeux humides et le sourire aux lèvres, grâce à Charlotte Gainsbourg. Lundi, on va bosser...

Certains lundis sont si gris, si austères, si cotonneux, qu'on a l'impression que que le ciel ne s'est pas bien reveillé et que même le jour est sous somnifères. Un lundi comme un dimanche : dans le gaz, pas envie de bosser, assis à siroter son café, et à lire la presse, lentement. Charlotte Gainsbourg dans les oreilles. Un lundi cotonneux comme un dimanche à revoir et revisiter ces deux week-ends, chacun si agréable, chacun si différent de l'autre...


Mais il est 11.00, et il faut bien bosser....


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