« On ne s’est jamais autant parlés ; on ne s’est jamais si peu écoutés. » Maxime moderne.
Vous tchatez, vous tweetez, vous followez, vous likez, vous mailez, vous… bloguez, la prise de parole digitale accompagne doucement la disparition du français comme étant une langue d’opinion, de réaction ou de commentaire.
Une langue pour s’indigner peut-être encore, pour manifester et faire une révolution sans doute. Mais je m’égare.
Le web a donc démultiplié la possibilité d’exprimer un point de vue, de rouspéter publiquement, d’encenser, d’insulter ou d’interpeler, avec cette option très perfide et ambiguë de pouvoir le faire de manière anonyme, tapi derrière un pseudo.
Je suis Stiop, j’émets du texte sur un clavier, je le publie et je me satisfais de cette démarche narcissique tournée vers mes propres envies. Je parle dans le vide abyssal de la Toile.
La communication telle qu’elle a dégénéré dans les années 80, soit les années Tapie pour résumer, a trouvé une deuxième jeunesse avec Internet : on occupe le terrain, on sature le flux de signaux divers, mais qui écoute ?
Alors oui, peut-être nous entend-on mais nous écoute-t-on vraiment ? Ah si, la NSA nous écoute, chut…, mes propos sont actuellement examinés, dans un laboratoire enterré près de Washington, par un sémiologue expert. C’est la grande mode des écoutes paradoxalement.
Google nous écoute, Facebook aussi, mais uniquement afin de proposer un ciblage algorithmique de publicités que des entreprises demandeuses seront ravies de payer très cher. Si peu poétique, si froid, si mécanique.
Reste : l’essentiel, le lien aux autres, charnel, intime, amical, cette spécificité du genre humain qui procure des émotions, qui suscite des conflits, mais qui nous donne l’impression d’exister, d’être vivant.
Récemment, j’ai dîné avec des blogueuses, êtres imaginaires que je ne croise jamais par définition, qui émettent derrière leur clavier, qui lancent des signes dans la fibre optique, dans le réseau, et vous savez quoi ? C’était très agréable.
On s’est parlé, on s’est écoutés. J’en conclue que, de manière assez singulière, la création de notre lien est née sur la base d’une interconnexion purement virtuelle au départ, alors soyons optimistes sur notre capacité future à nouer des relations…