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Refroidissement quantique

Publié le 27 mars 2014 par Rolandbosquet

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   Il est communément admis que l’univers dans lequel nous évoluons naquit un beau jour de l’année 13 800 000 000 av. JC. En réalité, il faisait nuit noire. Non pas parce que la lune venait d’achever son dernier quartier et qu’elle nous était masquée par le soleil. Non pas parce que la pollution était si épaisse qu’on n’y voyait pas plus que dans un smog parisien. Non pas parce que, comme le gars de Falaise, le visiteur du soir avait "oublié" d’allumer la chandelle de suif de sa lanterne. Mais tout simplement parce qu’il n’y avait rien encore. Ni becs des gaz, ni lampadaires, ni ampoules à incandescence, ni même de lampes à diodes électroluminescentes. Il n’y avait d’ailleurs pas d’écologistes non plus. Ni le moindre photon. Il n’y avait rien. C’était la nuit la plus noire et la plus complète qu’on ait jamais connu. Une nuit d’encre. Il faudra attendre 380 000 ans plus tard pour que, par la grâce de la mécanique quantique et du refroidissement général, le premier noyau atomique s’autorise à se parer de son cortège d’électrons, déclenchant ainsi le premier flash de l’histoire. Il se poursuit depuis sans entracte, RTT ni grève quelconque. Et il est inutile de chercher l’interrupteur. Il n’y en a pas. En théorie, il faudra attendre encore très longtemps pour que tout cela s’éteigne. Il arrivera en effet un jour où la lumière qui accompagne étroitement l’extension de l’univers ne nous sera plus visible. Viendra le temps où l’on ne distinguera plus à l’horizon les tubes fluorescents qui clignotent à l’entrée du supermarché voisin ni le beffroi de l’hôtel de ville. La ville de Lyon aura abandonné sa fête des lumières. On ne vous appellera même plus au téléphone de la part d’EDF pour transformer votre contrat en un forfait annuel plus avantageux. L’univers s’en sera retourné dans sa nuit originelle. En théorie. Il ne s’agit là, en effet, que d’hypothèses qui peuvent se trouver invalidées par les faits. Ainsi du refroidissement de l’univers qui provoquerait l’échappée belle des galaxies dans toutes les directions. On sait aujourd’hui que le réchauffement climatique unanimement constaté par toutes sommités scientifiques et savantes à la fois annulera à terme le glacial froid intersidéral. À moins que ce même réchauffement climatique ne soit remis en question d’ici là. On apprenait ainsi le 11 mars dernier que la journée du 9 avait été la journée du 9 la plus chaude depuis 1880. Ce qui tendrait à prouver que le climat ne s’est pas réchauffé depuis 134 ans ! Alors qui croire ? Quels avis sont plus dignes d’intérêts que d’autres ? Si le réchauffement climatique se refroidit et si le refroidissement quantique se réchauffe, où va notre univers ? Où allons-nous ? Devrons-nous attendre encore 345 milliards d’années pour obtenir enfin une réponse ? En réalité, en dépit des innombrables photons qui ont circulé, qui circulent et qui circuleront encore dans l’univers, il paraît peu probable que le citoyen de base sorte un jour de la nuit qui l’environne. Il s’agit là, sans doute, de ce que l’on appelle, dans les laboratoires, le désespoir quantique. Et de déréliction en désespérance, comment le monde parviendrait-il à tourner un jour moins de guingois ?

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