Ce jeudi 17 avril 2014 après JC à 7h25mn25s, la terre compte approximativement 7 208 771 667 habitants. La race humaine continue bravement de proliférer en dépit du réchauffement climatique, des cours du pétrole qui montent, des attaques du virus Ébola et des bouteilles de plastique qui sévissent jusqu’aux recoins les plus reculés de la planète. L’homme s’est acclimaté dans les endroits les plus chauds et les plus arides, dans les régions les plus froides et les plus humides. L’homme s’est adapté dans les contrées les plus inhospitalières du globe et poursuit inexorablement son entreprise de colonisation. En un mot, l’homme est une espèce invasive. Il a même jeté son dévolu sur le ciel. Il y tourne autour de la planète qu’il regarde avec envie, parfois, avec nostalgie, peut-être, avec admiration, souvent, et surtout avec l’envie manifeste de la fuir. Il a même marché sur la lune. Il ne s’y est pas encore reproduit mais il prépare une nouvelle opération expansionniste vers Mars. L’homme aime les défis. L’homme est considérable. Il s’était déjà répandu dans les campagnes mais un jour, las sans doute d’entendre chaque matin les petits oiseaux chanter à sa fenêtre, il s’en est enfui pour créer des villes. De plus en plus vastes et tentaculaires. De plus en plus peuplées. L’homme aime à se reproduire sans fin. Mais la nature ne se laisse jamais abandonner si facilement. Sous la pression des nostalgiques de l’air pur et des levers de soleil sur les collines, on a planté des arbres. Sur les trottoirs, dans les squares et les parcs et jusque sur le toit des immeubles. Pour que les enfants respirent les doux parfums des prés en lieu et place des particules crachées par les voitures, les fumées des usines et les déjections des pigeons ! L’homme est délicat dans sa modernité. Mais l’expérience à ses limites que l’homme intrépide rêve de dépasser. Il a décidé de s’affranchir de la nature. Il avait déjà apporté toute sa science, qui est immense, à aider les hommes et les femmes à faire des enfants. Mais le procédé concoure à augmenter encore le nombre de leurs congénères. Modestement, certes, mais ses résultats pour inégaux qu’ils soient ne sont pas neutres. L’homme qui est aussi opiniâtre qu’un vieux paysan limousin, a décidé de s’exonérer définitivement des règles qui régissent depuis toujours la survie de l’humanité comme de tout ce qui vit ici-bas. Il sera ni homme ni femme. Pierre Teilhard de Chardin avait imaginé que, depuis l’amibe, la création de Dieu avait progressé pas à pas pour atteindre les sommets avec l’être humain. Il n’avait pas osé franchir cette limite. L’homme du vingt et unième siècle l’a fait. L’homme est formidable, admirable, remarquable, époustouflant, étonnant, prodigieux, sensationnel et stupéfiant. Jean d’Ormesson ajouterait même qu’il est épatant. Ainsi, l’avenir progresse à grand pas vers le futur et le monde qui ne tournait guère que de guingois pourra désormais tourner de travers également.
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