UNE CENTAINE DE JOURS D'ÉCRITURE POUR ACCOUCHER D'UNE HISTOIRE À DORMIR DEBOUT. UN MACHIN PLEIN DE PAGES QU'IL NE RESTE PLUS QU'À RELIER DANS UNE COUTURE ADAPTÉE.
Un cadavre exquis et ses restes éparpillés sur la façade du centre d’aiguillages principal ! Ce désordre de dates superposées… entre une journée caniculaire du mois de juillet 2003 où un certain Jules Chaumont s’était pris les pieds dans les câbles du studio en croyant s’être emmêlé les bottes dans un enchevêtrement de racines naturelles… — Ce jour où une jeune Antigone avait retourné la tête d’un fonctionnaire du cadastre occupé à diriger l’ultime grande manœuvre de passage au numérique de son administration. Le résultat d’un bombardement d’électrons échappés du grand colisionneur (LHC). Cette tentative d’un mariage entre le ciel et l’enfer dans le mercure encore chaud du calendrier… — Cette date à jamais imprimée dans les astres, et ce laps de temps tragique d’exactement six heures et trente minutes qui nous était resté coincé en travers de la gorge à cause d’une brigade de salopards en manque de sensations fortes malgré le prestige de l’uniforme. Cette séquence arbitraire d’un vide total en forme d’un drôle de sentiment d’écœurement. Bref ! cette kyrielle de fourches caudines entrée en scène au pire moment et alors qu’on croyait avoir déjà pris quelques mauvais chemins ensemble dans la salle de montage. La trame d’un grand livre détraqué… Le plus maboul des livres, le plus insensé. Le plus inimaginable des inimaginés livres à l'heure de boucler ses valises pour un grand voyage annoncé.
Bon. Vivement la plage ! Le vieil océan sous le bleu du ciel. La plage et les petits marchands de sable à un prix exorbitant. Un sable cosmique pour jouer au con devant un public d'astronautes. Un sable sismique pour supporter toute la terre qui tremble sous nos pieds. Le projet d'une grande comédie des bord de mer, avec une rive bien en face de l'autre et une flotte de serre-joints qui les séparent sous la pression d'un corps lunaire. Un truc profond, et qui grouille d'un bestiaire de poissonnerie de supermarché. Enfin, bien le bonjour chez vous. Et attendez quand même que l'encre soit complètement sèche pour vous jeter chez le premier libraire venu. JLG
© PHOTOS JL GANTNER