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Au cas où vous l’auriez oublié, un samedi soir sur deux, vous pouvez écouter sur Graou’live « Errances nocturnes », l’émission que Mikaël Tygréat bricole au restaurant Vinomania, situé au port de commerce de Brest. Ayant pour tâche de faire le portrait de l’invité de cette émission, je descendais vers le port de co’, lieu emblématique de la cité du Ponant s’il en est, quand j’avisai la silhouette du chapiteau du cirque Medrano qui s’y était installé.
N’ayant nullement l’intention ni les moyens de me payer une soirée au cirque, je poursuivis ma route, qui m’obligeait néanmoins à loger le site où le chapiteau était planté et ma curiosité naturelle m’interdisait de ne pas prêter attention à ce grand échafaudage relativement insolite ; c’est ainsi que mon regard astigmate finit par être happé par la vue d’un lion et d’un tigre dans leur cage. Les zoos ne fourmillant pas dans mon vaillant mais ingrat pays de Brest, la vue de ses fauves était pour moi encore moins monnaie courante que tout le reste et je ne pouvais m’empêcher d’admirer la splendeur de ces magnifiques félins. Mais hélas…
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Hélas, si ma vue se réjouissait, mon cœur saignait de les voir tourner en rond dans leurs cages, excessivement exigües au vu de leur envergure ; très vite, tout le scandale de la situation me sautait aux yeux : vous avez sans doute entendu parler de la réouverture du zoo de Vincennes, qui permet aux animaux de s’épanouir dans de vastes espaces qui leur rappellent presque ceux dans lesquels ils sont faits pour vivre (je ne dirai pas « ceux dans lesquels ils sont nés » puisqu’ils sont tous nés en captivité) ? Bon. Alors pourquoi les animaux du cirque devraient-ils continuer à subir ce qu’on n’ose plus imposer aux animaux du zoo ? « Hé, con, les animaux de cirque, on est obligé de les mettre en cage pour pouvoir les faire voyager avec le chapiteau ! » Ah ! Ben le problème, vous l’avez donné vous-même : il vient du cirque lui-même ! La solution ? Ne plus faire de spectacles avec les animaux. Point. Ça se fait déjà.
Contrairement à l’ami Siné, je ne suis pas irrémédiablement allergique au cirque : je peux reconnaître que les prouesses physiques des pauvres diables d’artistes qui y travaillent peuvent être parfois impressionnantes, souvent divertissantes. Seulement, lesdits artistes, ils vont sur la piste de leur plein gré ! Pas les animaux ! Ceux-là, on les force, on les traite comme des biens meubles (ce que malheureusement ils sont encore selon la loi), on les fait souffrir pour qu’ils fassent les pitres, on les oblige à aller contre leur nature. En règle générale, les cirques qui exploitent des animaux sont moins montrés du doigt que les toréros et leurs souteneurs (j’emploie ce terme à dessein parce qu’il sied bien à ce métier de pute) : pourquoi ? D’accord, le dompteur n’a pas vocation à tuer le lion qu’il fait passer à travers un cercle de feu : ça ne veut pas dire qu’il ne l’a pas fait souffrir pour obtenir ce résultat et ça n’empêche pas qu’il le force à accomplir des gestes contraires à son instinct ! Quand on dit ça, on passe pour le rabat-joie de service, on donne l’impression de vouloir empêcher les gens de s’amuser. Mais pas du tout ! Je ne veux pas vous empêcher de vous amuser, mais amusez-vous entre vous, sans mêler les animaux à vos jeux débiles : vous ne pourrez jamais vraiment savoir s’ils ont envie de jouer, ne les forcez pas ! Si on vous envoyait dans une arène avec des lions, comme les chrétiens dans la Rome antique (il faut reconnaître qu’on savait traiter les curés à l’époque), vous trouveriez toujours ça amusant ?
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Je sais que ce n’est pas avec des articles comme ça qu’on va faire le « buzz », mais tant pis : je n’aime pas qu’on me force à jouer à quoi que ce soit, alors je n’aime pas non plus qu’on y force quelqu’un d’autre, même si ce quelqu’un est un coq, un chien, un taureau ou un lion. Et puis quand je repense à tous ces bons cons qui se repaissaient de la vue des fauves enfermés (je ne parierais pas mes chaussures qu’il y en avait la moitié pour avoir autant mal au cœur que moi) et aux maires FN qui veulent rétablir la corrida dans leurs villes (dommage que les taureaux n’aient pas le droit de vote), je me dis que les militants de la cause animale n’ont pas fini d’en baver…