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560- Les rapatriés

Publié le 17 mai 2014 par Stiop

Elle aurait pu être ma cousine, ma nièce ou ma voisine. Elle devait être tout cela pour de nombreuses personnes ; comme elle doit leur manquer.

J’ai longtemps vécu avec cette photo dans ma chambre d’adolescent, celle de Michel Seurat, sociologue capturé au Liban au milieu des années 80 qui fut été exécuté par ses ravisseurs.

Michel Seurat

J’étais tellement admiratif de ce regard doux et rêveur, de cette attitude sereine et complice. Je ne passais pas une journée sans m’égarer dans ce regard.

J’avais environ 15 ans à cette époque et ce portrait ressemblait à de l’amour entre deux personnes, à quelque de chose de beau, d’épanouissant, de léger, alors que j’étais empêtré dans les méandres des questions existentielles de mon âge.

Michel Seurat a été assassiné, et, 20 ans après, ses restes ont été retrouvés via une mise en scène sordide, et rapatriés après une identification de son ADN. Quelle barbarie.

Alors aujourd’hui, je pense à Camille Lepage, photojournaliste tuée en Centrafrique comme une misérable, comme autre chose qu’un être humain. Et elle est revenue en France le 16 mai.

  »Le corps de Madame Lepage est bien arrivé à Roissy à 09h50″, à bord d’un vol cargo en provenance de Bangui, a déclaré une source aéroportuaire à l’AFP. Voilà, terminus.

Camille

Camille aurait pu être ma cousine, ma nièce ou ma voisine. Et, vu mon âge, elle aurait même pu être ma fille. Ou la petite-fille de Michel Seurat.

Parfois, par fragments d’une intensité violente, l’humanité me dégoûte, me fait vomir, et je ne peux m’imaginer partager un patrimoine génétique commun avec les foutus salauds qui ont massacré ces personnes innocentes venues pour travailler, pour enquêter, pour aider.

Vous vivez dans ma mémoire avec un regard doux et rêveur.


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