Quand j’étais le roi des pédales …

Le Giant Stonebraker

Un petit tour dans le jardin par un après-midi de printemps après avoir regonflé ses pneus à plats depuis des années et voilà qu’une foule de souvenirs vous envahit.

C’est qu’un biclou, c’est pas n’importe quoi ! J’ai eu trois grands amours de vélo dans ma vie . 3 vélos, 3 époques et des horizons à chaque fois plus lointains , un monde qui devenait plus grand en même temps que moi. Le premier , en 1980, un Motobécane bleu ,des pneus aux rayons jaunes avec sur le guidon un haut-parleur transformant mon petit engin en camion de pompier ou en voiture de police . Et que j’ai assassiné pour faire le clown en le balançant du haut d’un balcon…

Un raleigh speedburner noir avec ses tubes ovales innovants , ses garnitures et ses jantes rouges, un vélo de cross tendance en cette année 1985 où on me l’a offert pour ma communion. Le plus beau de la cité !
Et le dernier , un Giant, un VTT qui m’aura coûté un mois de travail d’été et les 2000 francs offerts par ma grand mère pour récompenser l’obtention du bac à l’été 1994. Celui-ci est toujours là, chargé de souvenirs , de descentes inconscientes sur des pentes raides , de chevauchées dans les collines naboriennes des heures durant, sous le soleil , la pluie ou même la neige.
Il fut un temps où mon vélo était un peu ce qu’est aujourd’hui mon chat : une oreille attentive. Il était plus que vivant et il avait ce que bien des humains n’auront jamais : une âme . Il était déjà un symbole de l’amour de mes grands parents. Celui aussi d’une certaine liberté , un moyen de fuir, un moyen d’être loin , d’être seul. Un moyen de me lancer des défis . Et aujourd’hui il est la trace d’un passé où mon corps n’avait pas encore pris tant de mauvaises habitudes et acceptait sans broncher que je le malmène et le pousse parfois au delà de ses limites.
Sur mon vélo j’étais amnésique et c’était déjà beaucoup …