Un bourdon qui passait par là ne put s'empêcher de railler ce grossier outil :
- "pauvre objet", ricana le bourdon, - "admire donc la grâce lourde de mon vol et écoute ce merveilleux bourdonnement émis par mes divines ailes !"
Piqué au vif, le martel manqua de s'étrangler de fureur comme seuls les marteaux énervés savent le faire !
- "Cuistre !" répliqua t-il, gardant toutefois sa retenue élémentaire de marteau,
- "je vais te montrer que je sais aussi bien voler que toi, bourdon scrofuleux !"
- "J'aimerais bien voir ça !" fit l'insolent bourdon en se mettant en vol stationnaire et en changeant de direction toutes les trois secondes au dessus de l'outil pour montrer son arrogante dextérité aérienne et se moquer ainsi de la ridicule inertie de la massette.
Le bourdon partit déguster quelques sucs florifères pour se rafraîchir la panse montrant la supériorité éclatante de la vie et de l'agitation sur la matière inanimée.
Le propriétaire du marteau, revenant avec quelques longs clous se saisit du marteau et commença par clouer quelques planches.
Ce fut le moment que choisit le rusé outil pour se contorsionner si subtilement que l'ouvrier frappa violemment un de ses doigts.
Sous la douleur, l'homme hurla et de colère, balança le marteau contre un tronc d'arbre où malencontreusement le bourdon jouisseur contait fleurette à une guêpe dont la taille excitait toutes les convoitises des mâles concupiscents..
Le marteau, lancé violemment écrasa le prétentieux bourdon et la guêpe trop coquette qui, odieuse pécheresse commençait à se faire coupablement lutiner. Il ne put s'empêcher d'éclater d'un rire cristallin lorsqu'il retomba avec lourdeur sur le bourdon fracassé, enlacé à la guêpe lascive mais morte.
- "Tu vois, lança l'outil à sa victime, moi aussi je vole !"
Le bourdon emporta ces dernières paroles au paradis ou en enfer des bourdons. Cependant, comme les insectes ont quelque avance métaphysique sur l'homme, il y a fort à parier qu'ils ne croient plus à ces sornettes de divinités, d'enfer ou de paradis depuis longtempsVoilà. Ma fable est terminée : elle n'a ni sens, ni conclusion ni morale. Elle me ressemble. On pourrait presque dire qu'elle a des points communs avec la vie politique actuelle.Essayez avec une faucille et un libéral mais dans ce cas de figure, cet apologue tronqué risque d'être moins poétique mais plus sanguinaire. OUI, vous êtes bien sur un blog politique ! Inutile donc de vous mettre martel en tête.Je vous souhaite un excellent été...