L’avenir de la France va, dans les jours qui viennent, se lancer sur les autoroutes. Certains iront visiter leurs châteaux en Espagne. D’autres, moins chanceux, devront se contenter des verts pâturages de leur parentèle campagnarde. Mais les autres seront encore assez nombreux pour jouir pleinement des mycoses de leurs voisins de plage. Le vieux bougon lui-même va remiser ses gros sabots pour la durée de l’été dans l’espoir de renouveler son inspiration encore trop abracadabrantesque. Hélas, ce parfum de vacances qui baigne l’air ambiant risque d’être altéré par les résultats d’une récente étude de l’Institut de Veille Sanitaire. Un funeste péril menace les spermatozoïdes français. Non seulement leur concentration aux endroits prévus par la nature se dégrade régulièrement depuis une quinzaine d’années ; mais ils sont de plus en plus nombreux à se révéler impropres à la reproduction. S’il n’existe encore aucune explication scientifique à ce phénomène, les épidémiologistes ont cependant pu identifier quatre facteurs principaux. On savait déjà que la consommation de tabac pouvait avoir une action sur la virilité. Il en aurait aussi sur la fertilité qui l’accompagne parfois. L’impact resterait toutefois limité à hauteur de 15%. Les poilus fumaient dans les tranchées, les soldats à la caserne et le corps expéditionnaire en Indochine. Le baby-boom n’en a pas été affecté pour autant. Le surpoids est également montré du doigt. Outre les difficultés anatomiques de leur transmission, il diminuerait de 25% le nombre de spermatozoïdes en état de fonctionner efficacement. Selon d’autres scientifiques, les pesticides auraient eux aussi une mauvaise influence sur la bonne santé des reproducteurs. Une exposition forte aux herbicides organophosphorés diminuerait la qualité de leur semence de 33%. Mais l’alcool resterait encore à 62% l’agent le plus significatif de la baisse de la consistance spermatique. Il faudra désormais choisir : ou boire ou se reproduire. C’est pourquoi une vaste campagne va bientôt être lancée en direction des jardiniers fumeurs en surpoids. Le risque d’infertilité pour ceux qui arroseraient les allées de leurs résidences secondaires d’un désherbant chimique après avoir bu un verre de rosé, fût-il bien frais, s’élèverait à 135%. Ce qui n’est pas rien ! On comprend qu’un État conscient de ses devoirs au regard de l’Histoire ne recule pas à prendre des mesures audacieuses. Il convient cependant de ne pas alarmer inutilement les populations masculines âgées de plus de 70 ans. Les néfastes conséquences répertoriées ci-dessus seraient naturellement moins déterminantes dans leur cas. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour qu’elles s’abandonnent à la luxure et se livrent à une débauche estivale inconsidérée. Qu’elles se souviennent, quand c’est encore possible, que les accidents cardiovasculaires les guettent toujours ! On voit par-là qu’en dépit des vacances du vieux bougon, le monde continuera probablement de tourner de guingois. (Photo de Jean-Christophe Laforge / http : www.jchlaforge.net / Les ruraux, ces héros)