Mais où va me mener ma prochaine aventure ? Tu te poses certainement cette question, dans ta petite caboche, hein ? … non, bon temps pis, je vais te le dire quand même.
Afin de fuir ce temps maussade, pluvieux et gris, un temps à ne pas mettre un syndicaliste dehors, ma direction m’envoie faire le mariole dans un pays étranger.
Donc, me voilà sur la route, toujours affublé de mon fidèle compagnon. Après de longues heures à arpenter le bitume dégueulasse des autoroutes françaises et suisse, nous arrivons enfin à destination.
Ce coup ci, le devoir nous amène au beau milieu de la divine Toscane. Là où le vin est doux et soyeux.
Une sordide histoire de complot, avec enlèvements et meurtres à la clé m’attend.
Mais avant tout, pour mon fidèle cerbère et moi, l’heure est à la promenade dans la campagne toscane. La capote de ma Mustang abaissée, permettant ainsi à Môssieur de laisser ses énormes oreilles au vent, nous nous enfonçons dans les terres, direction Sienne.
Soudain, au loin, sur le bord de la route, une silhouette prend forme. Tel un mirage, je commence à apercevoir ce qui semble bien être une gonzesse, une auto-stoppeuse. Je lève le pied du champignon, ce qui a pour immédiat effet de calmer le rugissement du V8 surmusclée de la belle américaine. Plus j’approche de la belle, plus je me rend compte que belle n’est pas l’adjectif adéquat. Non, c’est bien plus que cela. Cette petite merveille, pour être aussi jolie, a certainement vendu son âme au diable … ou alors c’est Dieu lui même qui l’a dessiné. En tout cas et crois moi sur parole, mon ami, si cette nana fait du stop ici, en plein milieu de nul part et se met juste sur ma route, c’est un signe que je ne vais surtout pas laissé passer.
Je roule presque au pas et m’approche irrémédiablement. A présent, je distingue parfaitement ses cheveux au vent et deux grands yeux verts, qui pourraient mettre le feu à cette campagne sèche si elle le voulait.
Puis au moment où je vais stopper l’auto, cet instant de grâce ultime est soudain gâchée par le violent et sourd aboiement de mon hound. Une seul aboiement, qui me transperce l’oreille.
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Putain, mais qu’est ce que tu veux maintenant, gros ! C’est pas le moment de faire chier. Montre nous plutôt ton meilleur profil, ne lâche pas de gaz nauséabonds et attend avant de te lécher les parties !
Rien à faire, mais quelle mouche vient de le piquer. Habituellement jamais il n’aurait réagit de la sorte, surtout à l’approche d’une telle déesse.
Et de son museau baveux mais ô combien efficace pour pister les bandits, il tourne le bouton de l’autoradio (oui, je sais il est très balèze et encore je ne vous raconte pas le tiers de ce qu’il sait faire, vous ne me croiriez pas.)
Il tourna la bouton si fort que la musique emplit soudain tout l’habitacle et masqua le ronronnement de la Mustang.
Bon sang, mais c’est bien sur. En arrivant, j’avais inséré l’album Perfect Strangers de Deep Purple dans le lecteur. Album magnifique, sorti en 1984. Peut être le meilleur du groupe.
Et justement, commençait l’intro de Gypsy’s Kiss.
Je regarda mon cabot avec admiration.
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mais quel bon goût tu as, mon pèpère !
Tu as raison, on ne peut pas gâcher un tel chef d’œuvre.
Je remis les gaz et fit hurler les chevaux sous le capot. J’ai juste eu le temps d’adresser un petit signe à cette beauté qui restait figée sur le bord de la route.
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Désolé, ma chérie, mais tu ne m’auras pas cette fois ci !
Je vais t’avouer aussi que le hurlement caverneux de mon magnifique hound, en plus de me briser un tympan avait également fait sursauter l’auto stoppeuse, me laissant voir la naissance d’une crosse de 45 automatique sous son t-shirt.
On m’avait prévenu que cette mission serait très dangereuse et que la mafia serait prête à tout pour me mettre hors d’état de nuire, mais de là à me coller miss monde en auto-stoppeuse, c’était me prendre pour plus bête que je ne le suis.
Une fois de plus, j’avais les miches sauves et cela grâce à l’action combinée d’un très bon album de rock ‘n roll et à l’instinct extraordinaire de mon basset hound.
Voilà pis c’est tout.