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La formidable odyssée de Rosetta

Publié le 04 septembre 2014 par Rolandbosquet

rosetta

    Les hirondelles se réunissent désormais sur les fils téléphoniques qui relient mon courtil au reste du monde.  Elles étaient hier beaucoup plus nombreuses mais l’usage intempestif des pesticides et autres insecticides détruit chaque jour un plus leur garde-manger naturel. Les rescapées ne tarderont guère néanmoins à regagner les chaleurs équatoriales et, comme chaque année, un voile de mélancolie entourera leur départ. Si leurs rassemblements donnent le signal de la pousse des bolets dans les sous-bois et des fleurs de colchiques dans les prés, ils annoncent aussi la disparition des chaudes journées d’été et l’arrivée des premières pluies d’automne. La triste complainte irlandaise "An Fharraige" chantée par Máire Bhraonáin me parvient sur ma terrasse où je tente de retrouver la douceur des petits matins le temps d’un café noir. Mais c’est engoncé dans un vieux chandail que je contemple la pelouse aussi verte qu’au printemps et la grisaille qui l’environne après les averses de la nuit. La campagne est désormais silencieuse. Les rires des enfants en vacances dans les gîtes de mes voisins Hélène et Sébastien se sont éteints. Joseph, leur âne qui les amenait régulièrement aux approches de midi pour visiter mes chèvres naines, s’ennuie dans le clos en contre-bas. Tout à l’heure, dès que la factrice aura déversé une énième ration de prospectus publicitaires dans ma boite aux lettres, ma petite voisine Anaïs se précipitera pour remettre en riant la feuille la plus brillante et la plus colorée à son Papet. Hélas, Juliette, sa mère, reprendra bientôt ses cours à la faculté de Toulouse et la fillette disparaîtra, à son tour, chez une Mamie ou chez la Nounou. La campagne se vide. Je n’ose pourtant allumer la radio ou la télévision pour prendre des nouvelles du monde. La ronde des conflits guerriers n’a toujours pas trouvé de répit. Celle de nos gouvernants n’a rien perdu de sa vigueur et de sa fatuité en dépit des "vacances". On souhaiterait parfois les voir migrer eux aussi vers d’autres cieux. Ne désespérons pas. La formidable odyssée de la sonde européenne Rosetta montre que l’intelligence humaine possède d’immenses ressources. Ce qui ouvre de belles perspectives pour les années qui viennent. Mais le monde avancerait-il encore avec autant d’entrain vers son avenir toujours plus radieux ?

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