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La guerre de l'eau

Publié le 30 octobre 2014 par Rolandbosquet

eau

   L’accès à l’eau a toujours été un enjeu primordial pour toutes les civilisations. Les pharaons auraient détourné le Nil pour lui faire traverser les déserts et irriguer les basses terres d’Égypte. Les pyramides n’auraient jamais existé sans le Nil. L’eau du Jourdain où Jean le Baptiste plongeait ses adeptes est encore aujourd’hui l’un des sujets les plus brûlants opposant les états de la région. Le Gange n’est pas seulement le fleuve sacré de l’Inde. Il arrose de vastes territoires où se concentrent d’innombrables habitants et enrichit leurs terres de ses limons.  Il reçoit hélas également toutes les pollutions d’une société industrielle à courte vue. Il ne charrie plus que la mort. On croyait que ces préoccupations ne concernaient que des pays lointains sinon exotiques qui n’avaient pas su s’adapter. La guerre de l’eau agite nos contrées tempérées depuis toujours. Les romains édifiaient des aqueducs pour amener l’eau jusqu’au cœur de leurs cités. On a, depuis, domestiqué les fleuves en bétonnant leurs rives. Seule la Loire bénéficie encore d’un peu de liberté mais jusqu’à quand ? On a bâti des barrages pour irriguer les plaines ou fabriquer de l’électricité, creusé des bassins de rétention pour limiter les inondations, aménagé les lacs et drainé les étangs pour la pèche dominicale ou les loisirs familiaux, sondé les nappes phréatiques pour mieux les gérer, foré des puits pour alimenter des fontaines publiques, construit des canaux pour la circulation des marchandises, enfermé des sources dans des bouteilles en plastique. L’eau était une bénédiction du ciel qu’il fallait maîtriser. Elle est devenue un tracas quotidien pour alimenter les lave-linges, lave-vaisselles, douches, bains et autres apéritifs. Car cette belle illustration de l’intelligence industrieuse de l’homme a son revers. Malgré les travaux parfois pharaoniques réalisés pour encadrer entre leurs berges les rivières les plus fantasques, leurs débordements ne sont guère moins fréquents qu’il y a un siècle et tout aussi dévastateurs sinon plus. L’afflux toujours plus important de populations toujours plus nombreuses vers les côtes ajoute encore aux difficultés. Il faut à la fois les nourrir, les approvisionner en eau potable et les protéger contre les incontinences atmosphériques. Rien ni personne ne pourra arrêter ce mouvement migratoire profondément ancré dans la nature humaine depuis la nuit des temps et le réchauffement climatique ne fera que l’accélérer. La guerre de l’eau remonte à la plus haute antiquité. Tout indique qu’elle sévira encore longtemps. Arque-boutées sur des schémas nostalgiques méconnaissant l’Histoire et la réalité, les oppositions aux aménagements indispensables à son utilisation sont vouées à l’échec. On peut abandonner la construction d’un aéroport, d’une zone commerciale, d’une autoroute ou d’une ligne de train à grande vitesse. On ne pourra pas renoncer aux constructions destinées à la collecte et à l’adduction d’eau parce qu’elles sont plus que jamais essentielles et toutes les manifestations romantico-anarchistes n’y pourront rien. Et le monde, imperturbable, poursuivra sa course joyeuse vers son avenir radieux.  (Lire sur le même sujet la chronique du vieux bougon du 31 mai 2012)

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