Je suis Charlie, mais je suis surtout anéanti.

Ce dessin a été commis en 2011, après l’incendie des locaux de Charlie : c’était déjà un « remake » d’un autre dessin réalisé en 2006 lors de la fameuse affaire des caricatures danoises… J’en ai marre d’avoir toujours raison !

Voilà deux jours que le téléphone n’arrête pas de sonner ; tous ces gens qui ont pensé à moi spontanément après la terrible nouvelle me touchent, bien entendu, mais il faudra plus que ça pour que le cœur à l’ouvrage me revienne. Car non, je ne suis ni fort, ni cynique, ni courageux : je suis lâche, sensible comme une fillette, je perds tous mes moyens à la première difficulté imprévue, mon seul idéal est de mener une vie paisible, vocation perpétuellement contrariée.

A l’heure où j’écris ces lignes, je reviens à l’instant d’une manif organisée par les lycéens de Brest : j’ai mal aux pieds et encore plus au cœur, même si ça me met un peu de baume de voir tous ces bons petits se mobiliser spontanément pour le droit, la justice et la liberté, refusant les amalgames, les intimidations et les récupérations. Comme quoi, on se trompe lourdement en se représentant la jeunesse comme apathique et ne s’intéressant au monde qu’en faisant des jeux en ligne… Je vous laisse, je vais me reposer en vue de la manif de dimanche.

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