Magazine Humeur

Zad

Publié le 20 janvier 2015 par Rolandbosquet

A_Zad

        Grande effervescence ce matin à l’entrée de mon courtil. Chaussés de bottes et armés de leur lunette de visée, un arpenteur et son aide délimitent le champ du père Grandier situé de l’autre côté de la route. Retourné à la friche depuis plusieurs années, il offre une belle opportunité à un jeune couple venu de la ville voisine pour y construire sa maison et y abriter sa famille. Le risque est grand cependant de voir surgir bientôt une brigade d’intervention écologique. Régulièrement en effet, même si c’est moins fréquent en hiver, les adeptes de cette nouvelle religion apparaissent sur nos écrans de télévision ou à la Une de nos quotidiens. Courageusement masqués et cagoulés, ils n’hésitent pas à affronter les cohortes casquées des "forces de répression capitalistes" qui les exhortent à regagner leurs foyers. En vérité, ils vivent à proximité de leurs champs de bataille dans des abris de fortune ou simplement dans les arbres, comme au temps où les primates n’avaient pas encore découvert les joies de la savane. Comme s’ils rêvaient avec nostalgie à cette époque mythique où le téléphone portable n’existait pas encore bien qu’ils le manient avec dextérité pour communiquer entre eux d’un "chantier" à l’autre. Invités par les médias à évoquer leurs doléances, leurs grands prêtres y déroulent d’interminables discours aussi confus que passionnés à l’idéologie parfois douteuse. Ce qui n’a que pour effet de repousser un peu plus le bourgeois dans la conviction naïve que le progrès est décidément bien devant lui et non pas derrière. Celui-ci devrait pourtant se méfier. Nul ne vit plus désormais bien éloigné de ces "zones à défendre" que ces bandes se sont arrogé le droit et le devoir de protéger contre l’envahissement de la modernité contemporaine. Voulez-vous créer un nouveau village et y bâtir des logements loin de la pollution des villes et des usines, tracer une route pour rejoindre la campagne où vos parents vivent leurs derniers jours, aménager un plan d’eau pour l’arrosage des jardins et les pique-niques du week-end, construire un complexe sportif de taille européenne, une ligne ferroviaire à grande vitesse pour atteindre la mer dans la journée ? Vous les trouverez sans coup férir devant vous au nom de vertueux principes écologiques soucieux de préserver d’abord les petits oiseaux, les papillons et les vers de terre quitte à bannir l’homme lui-même de la nature. Comme s’il était encore possible de retrouver l’innocence paradisiaque des premiers âges d’avant l’humanité. Nous sommes habitués depuis longtemps à vivre avec la dictature des minorités dites agissantes. Bon an mal an et en dépit, ici ou là, de soubresauts de violence ou d’angélisme, ce que l’on appelle encore la démocratie parvient à trouver un terrain d’entente afin que les uns et les autres puissent partager un air qui nous est commun à tous. Où nous conduit cette prolifération de "combats" bien éloignés du terreau républicain ? Est-ce ainsi que le monde poursuivra à moindres heurts sa marche vers l’avenir de son futur ?

(Suivre les chroniques du vieux bougon en s’abonnant à newsletter)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rolandbosquet 674 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine