Freeganisme, Quand Le Frigo, C'Est La Poubelle.

Peut-être c'est la perturbation qui passe sur ma tête qui me rend aigrie, peut-être pas, mais toujours est-il que la connerie, depuis lundi, je l'empile et qu'elle commence à me peser. Et dans ces cas-là, j'ai tendance à appliquer la loi de l'élève qui dépasse le maître. De toutes façon, la connerie, c'est gratuit et j'avoue être bien contente de n'avoir de temps en temps rien à payer. Soit. (Merci de votre visite, à bientôt, fermez la porte en partant, c'est tout ce que je vous demande.) Et même ce matin, je l'ai remerciée, la connerie, de m'avoir été offerte par un sombre individu qui interpellée par messagerie instantanée. Je n'ai pas l'historique, je l'ai jamais eu, mais je me souviens des grandes lignes de la luminosité dont il a fait preuve. " Dis, je viens de lire ta note sur la pompe à gasoil là. -Diesel. -C'est pareil, tu as remarqué que je n'ai pas commenté, je suis plus intelligent que les autres, les commentaires ne sont pas là pour engendrer une polémique ni pour mettre un lien vers son blog perso. -C'est d'autant plus vrai que tu n'as pas de blog, c'est donc très facile, alors accouche. -Tu crois pas que t'abuses quand tu dis priver tes enfants de nourriture? -Non seulement je les prive de nourriture, mais aussi de culture, mais dis-moi en quoi j'abuse, j'ai hâte de savoir la raison de mon excès. -Faut pas déconner, la banane, c'est pas le fruit le plus cher, encore, tu leur donnerais des litchies, je comprendrais, mais là, des bananes... Puis bon, franchement, faire une trentaine de bornes pour amener ton gosse danser, c'est pas la mort de ton budget que je sache. -Justement tu sais quoi de moi, de mon budget, de ma vie? -Pas grand chose, mais avoue quand-même que t'en es pas à fouiller les poubelles. -Non, c'est vrai, pour le moment, mes courses, je les fais dans l et pas dehors, dans la benne à ordures du magasin. -Et vu ce que tu gagnes entre le salaire de ton mec, les allocs', ton boulot et ta paye de maire, tu peux encore te permettre de manger des bananes et de rouler tranquille. -Tu as l'air d'en connaître bien plus sur ma vie de ce que tu prétends et surtout d'avoir la sagesse au bord des lèvres. -Mais c'est clair que si tu fumais pas ou que tes gosses avaient moins de jeux, tu serais pas à te plaindre. -Sans déconner? -Ah je t'assure, et du coup, quand tu payes tes impôts, ça doit faire mal. -Je ne suis pas imposable. -Ah oui, c'est vrai, avec trois gosses. -Tu oublies les chats. -Enfin moi, je suis content, j'en paye des impôts, donc tout va bien. -Tu as bien raison, quitte à se faire enculer, autant que ce soit consenti, surtout garde le sourire." J'ai donc perdu un bon quart d'heure pour me faire envoyer par la gueule qu'en gros, tout est ma faute, qu'en tant que méchante fumeuse, ce qui m'arrive et que je fais subir à mes "gosses" pourrait très bien être évité par mes soins. J'ai donc discuté avec Dieu ou Nicolas, au choix. Mais soit, j'ai gagné une chose, une ligne de  la conversation ne m'a pas échappée, alors que le reste, je l'aurais vite oublié, bien que j'entends cette rengaine assez souvent, ouvertement ou pas, mais soit encore. " ...T'en est pas à fouiller les poubelles." Aussitôt, je me rappelle de ce reportage que j'ai vu hier soir sur M6, dans l'émission 66Minutes. Une mère de famille qui fait ses courses dans les poubelles des grands magasins. Organisée par défaut, elle erre dans les rayons en repérage, traque les DLC, fait son choix, estime la date à laquelle ce qu'elle voit et qu'elle ne peut plus se payer va tout de même atterrir dans son frigo. Et on la revoit le lendemain, à l'heure habituelle où les manutentionnaires des rayons vident leurs surplus. Mais elle n'est pas seule à assister à ce triste balai des transpalettes. Un père de famille lui aussi habitué malgré lui, client fidèle de la poubelle, attend pour faire ses courses, avec son cavas sur roulettes. Et un dispute de charognards éclate. "Mais pourquoi t'as fait venir les caméras, maintenant, tout le monde va connaître le coin et on va plus rien avoir à bouffer." Puis les tensions s'apaisent et chacun se penche dans sa benne pour remplir ses placards et frifos. "Qu'est-ce qu'ils font maman? -Ils font leurs courses. -Ils ont le droit? -Oui, mais surtout ils ont le choix. -Et le patron du magasin, il dit rien? -Non, mais il doit se manger les doigts. -Il perd des sous? -Oui, car il perd des clients qui peuvent plus acheter ce qu'il vend. -Et pourquoi il baisse pas les prix? -Parce qu'il peut pas. -Oui, mais il risque de fermer son magasin et alors les gens, ils auront plus rien à manger dans les poubelles. -Ne t'inquiète pas pour le patron du magasin, il pourra toujours manger, lui. -Surtout qu'il dit rien devant la télé, mais j'ai entendu dire que d'autres mettaient de l'eau de Javel dans leurs poubelles pour pas que les gens fouillent dedans. -Oui, l'eau de javel tue tous les microbes, c'est bien connu."