Si vous me suivez depuis quelques temps, vous connaissez ma prédilection pour les romans à suspense et à l'intrigue bien ficelée. Alors, quand Florence Clerfeuille m'a parlé de sa trilogie Le chat du jeu de quilles, un polar aveyronnais dont l'un des personnages principaux est un chat, je n'ai pas hésité une seconde. J'ai d'ailleurs bien fait, car le premier tome est une formidable découverte.
Enquête en terre aveyronnaise
Marc est un ancien journaliste. Mis à la retraite sans qu'on lui demande son avis, il tourne en rond dans son appartement parisien. C'est alors que Manon, sa jeune collègue, l'invite à la suivre dans un petit village au cœur de l'Aveyron. Là-bas, il y a dix ans, l'une des figures du village, le père Pommier, s'est fait froidement assassiner, sans que son meurtre n'ai jamais été élucidé. Il n'en faut pas plus à Marc pour tout plaquer, venir s'installer avec Manon dans le village, et mener l'enquête pour savoir enfin qui a tué le père Pommier. Même si ça ne plaît pas à tout le monde...
Oubliez toutes vos idées reçues sur les romans régionaux et les intrigues rurales. En ouvrant ce roman, préparez-vous à vivre en immersion totale dans un petit village de l'Aveyron, où tout le monde vit sa vie... en apparence. En réalité, on est loin des après-midi plan-plan passés à jouer aux quilles de huit et des apéros à la bière au Café des Sports. Derrière cette façade bien tranquille, tout le village ne parle que d'une chose : l'arrivée de Marc et Manon, ce jeune couple à la différence d'âge trop grande, qui rappelle curieusement Clotilde, la jeune épouse du père Pommier retrouvée pendue dans une grange il y a dix ans. Et par le plus grand des hasards, voilà que son chat, un matou qu'on avait plus vu depuis la mort de la jeune femme, refait surface au village.
Dans le premier tome de sa trilogie, Florence Clerfeuille mélange avec brio un talent certain pour le polar (même si le flic, en l'occurrence, est un journaliste à la retraite) et un tableau réaliste et touchant de l'Aveyron, un pays qu'elle connaît bien. Pas de doute, il s'agit bien là d'un roman aveyronnais pur jus, infusé aux quilles de huit, le sport régional. En bons ruraux qui se respectent, les habitants du village sont méfiants envers les nouveaux arrivants (surtout quand ils sont Parisiens !), surtout lorsque ceux-ci sont venus pour remuer les vieilles affaires.
Dès les premières pages, je me suis surprise à dévorer ce roman avec avidité. Comme Marc et Manon, je ne voulais savoir qu'une chose : qui a tué le père Pommier. Et je dois dire que je ne suis pas déçue. L'intrigue est bien ficelée, bien rythmée et sans le moindre temps mort : vous avez beau vous trouver dans un village où la moyenne d'âge doit être de soixante ans, vous n'avez pas le temps de vous ennuyer !
Côté plume, c'est également une belle surprise : Florence Clerfeuille écrit dans un style vif, comme ses personnages, sans pour autant sacrifier la langue sur l'autel de l'intrigue. Je reconnais là d'ailleurs l'influence de l'écrivain Jean-Philippe Touzeau, que l'auteur remercie à la fin de son livre.
Avec une intrigue saisissante, des personnages entiers et un style bien vivant, Le chat du jeu de quilles a tout pour plaire. Si vous cherchez un roman atypique, à l'atmosphère rurale si dépaysante, ne cherchez plus : vous l'avez trouvé.
Le chat du jeu de quille, tome 1 : Qui a tué le père Pommier, de Florence Clerfeuille, 195 pages
Tome 1 et tome 2 disponibles en ebook sur Amazon
Tome 3 à paraître en juin 2015