Magazine Humeur

Réforme, réforme, réforme.

Publié le 07 avril 2015 par Rolandbosquet

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        C’est fait. Ma petite voisine Anaïs est maintenant inscrite à l’école maternelle du village pour la rentrée de septembre. Le Papet aura même le droit de l’y conduire ou d’aller l’y rechercher lorsque ses parents auront un empêchement. La demoiselle est tout excitée à l’idée d’aller à l’école comme une grande. Tu vas apprendre à lire ? Non ! À dessiner ! En réalité, Anaïs a de la chance. Ses parents seront en mesure de pallier les ratés de l’Éducation Nationale. Notre Ministre de l’Économie et des Phynances s’était fait rabrouer par les ligues bienpensantes pour avoir dit tout haut qu’un certain nombre d’ouvrières des abattoirs Gad, en Bretagne, étaient illettrées. Il avait, hélas, raison. Plus de 2,5 millions de personnes en France rencontrent les plus grandes difficultés pour lire, écrire et compter. Comment voulez-vous, dans ces conditions, comprendre les étiquettes au supermarché, répondre à un questionnaire de Pole Emploi, remplir les cases adéquates d’une demande d’allocation quelconque ou décrypter la notice des médicaments prescrits par votre médecin ? Vous êtes exclu d’office de toute vie sociale. Vous faites partie des bataillons abandonnés sur le bas-côté de la route tandis que le monde avance inexorablement vers son futur. Vous avez pourtant fréquenté l’école primaire comme il se doit mais vous avez été de ces 150000 enfants qui entrent chaque année au collège sans avoir maîtrisé la lecture et le calcul.  Il est donc urgent de réformer le collège, a conclu madame le Ministre de l’Éducation. Il faut permettre aux élèves d’y passer leurs quatre années obligatoires dans les meilleures conditions. L’intention est louable mais ces adolescents sauront-ils mieux lire et compter à la sortie ? L’idée ne vient donc à personne qu’il conviendrait peut-être d’intervenir d’abord à l’école primaire ? Là où, précisément, se font ces apprentissages ? Comment un enfant dont les parents ne savent ni lire ni écrire et comprennent à peine la langue française pourrait-il avoir les mêmes chances qu’Anaïs dont le père est ingénieur en céramique industrielle et la mère professeur de littérature contemporaine à l’université ? C’est dès l’école maternelle, dès le cours préparatoire qu’il faudrait soutenir cet enfant et accompagner ses parents. Certes, le vieux bougon n’est en rien un spécialiste de ces questions et ne saurait en mesurer l’extrême complexité avec autant d’acuité que les têtes pensantes et hautement qualifiées qui ont préparé son devoir de rentrée à madame le Ministre. Il n’en connaît d’ailleurs pas plus au sujet de la fameuse carte scolaire qu’il va falloir également réformer en toute hâte. On va élargir les périmètres ! Les enfants auront le choix entre deux collèges. L’amélioration est sensible. Auparavant, les enfants d’un quartier "défavorisé" n’avaient pas le droit d’en sortir. Ils ne devaient surtout pas aller semer la perturbation dans des collèges dits "chics" et "rester dans leur jus". Ils pourront désormais aller dans un collège identique à celui qui leur était jusqu’alors désigné par l’administration. L’idée ne vient donc à personne qu’il serait peut-être plus profitable pour les enfants de mettre tellement de moyens dans ces collèges défavorisés que les parents ne souhaiteraient pas que leurs rejetons soient affectés ailleurs sinon même dans le privé ? Et peut-être même que ces enfants finiraient par apprendre à lire, écrire et compter. Peut-être même qu’ils pourraient ensuite entrer au lycée pour un cycle long ou en apprentissage pour apprendre un métier et trouver plus tard un emploi réellement qualifié. Peut-être même que…Mais quand on constate qu’au moment de fixer les dates des vacances scolaires, l’intérêt des enfants est sacrifié à celui des professions du tourisme de neige et de leurs clientèles que l’on ne saurait certainement pas classer parmi les plus défavorisées, que peut-on espérer ?  En attendant, Anaïs me tire par la main pour aller donner aux chèvres naines leur friandise de pain dur. Elle, au moins, pourra échapper au couperet fatidique qui engendre tant d’inégalités

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