Bien souvent, lorsque les gens de mon espèce corrigent des copies ; ils maudissent la terre entière devant la nullité affligeante de leurs élèves. Ceux-ci n'ayant, une fois de plus, pas su saisir la substantifique moelle des prodigieux enseignements conférés par ces pédagogues irréprochables.
De fil en aiguille, on est tout grognon, voire un chouïa ronchon.
Conséquence, on s'engueule avec :
a) notre femme b) notre mari c) notre concubin(e) d) notre animal de compagnie.
Du coup, chacun va se coucher de son côté ce qui entraîne à moyen terme une chute du taux de natalité. Evidemment aussitôt c'est tout le pays qui s'effondre entraînant avec lui la zone euro, ce qui ne manque pas de déclencher une crise mondiale sans précédent, sans parler d'une probable apocalypse nucléaire.
Notons que si vous avez choisi la réponse d), il est permis d'être plus optimiste.
Mais revenons-en à nos copies : deux réactions plausibles :
1°) On se dit qu'on est de la vraie raclure de bidet et que cette fois ça y est, on démissionne.
2°) On se dit que ces petits morveux le font exprès, que ce sont tous des fils de Kevin, et que rien ni personne ne pourra les faire dévier de la voie royale vers la crétinerie qu'ils se sont jurés de suivre aveuglément.
Ajoutons pour être complet que l'une de ces réponses n'exclut pas nécessairement l'autre.
Bref, corriger quand tout le monde s'est planté, ça craint.
Mais ce que je souhaite évoquer ce soir c'est un aspect moins connu de la correction et pourtant tout aussi flippant. Ce qu'on appelle dans le jargon professionnel " se déféquer dessus au sens pédagogique du terme. "
Une nouvelle fois, je vous invite à me mettre en situation : imaginez donc que je me saisisse d'un paquet de copies standard (environ 25 pour un échantillon représentatif) avant d'attraper mon fidèle stylo rouge.
Avec tout ça, je suis paré. Fermez donc les yeux et visualisez-moi, dans la position et la tenue de votre choix (hmmm, coquins), paré à en découdre avec mes copies.
Me voilà donc prêt à pleurer devant la nullité abyssale de mes élèves. C'est normalement comme ça que ça doit se passer. Mais pas cette fois. Ce serait trop facile, trop évident. Non, ce coup-ci, il semblerait que je me sois " déféqué dessus au sens pédagogique du terme ".
Je me saisis de la première copie, au hasard, hmmmmm... Pas mal, il a bien réussi le bougre, voilà un exercice parfaitement complété. Seconde copie, ah la coquine, elle a esquivé tous mes pièges. Troisième copie: pas une faute d'orthographe, quel est donc ce miracle?................................. Douzième copie, même refrain, je me tortille sur ma chaise, mal à l'aise........... Dix-septième copie, mais c'est pas possible! En v'la un qui mérite 20 (Notons qu'il le mérite, mais que rien ne m'oblige à lui donner). Je transpire à grosses gouttes.
Mon alarme interne se déclenche, cette fois le doute n'est plus permis, je suis dans la panade, j'ai affaire à un cas grave de défécation pédagogique, d'excrémentisation professionnelle (désolé, ça m'amuse!).
Vous l'aurez compris, en langage profane, ça équivaut à être dans la merde. Et pour cause, tous mes élèves ont réussi cette évaluation haut la main. C'est absolument dramatique !
Cher lecteur, devant la longueur un peu abusée de ma prose et te sentant intellectuellement à bout après une dure journée de labeur, j'ai décidé de couper cet article en deux. Ce qui t'oblige à revenir demain pour la suite: ta santé mentale s'en trouvera ainsi préservée tandis que mes statistiques de fréquentation en seront boostées.
Tout le monde est donc gagnant, c'est merveilleux, je suis machiavélique! Mouhahaha!
La bonne nouvelle c'est que tu sauras enfin ce que vient foutre ce bon vieux Obi-Wan dans cette histoire!