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La dépression, ça fait mal aux fleurs !

Publié le 29 avril 2015 par Lucie Léanne @lucieleanne75

La dépression. Les médias nous en parlent toute l’année, même en été. A croire qu’on ne peut pas en sortir. D’ailleurs pourquoi en sortir ? Parce que si on en sort trop tôt ou trop vite, les risques de rechute sont dangereux ! Abrutis congénitales de journaleux, vous prenez vraiment les gens pour des imbéciles !!!

Je vais vous montrer comment balayer une déprime en quelques minutes.

Prenons le poème « La Vie antérieure », extrait du recueil  Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire.
Charles Baudelaire était le champion de la déprime ; à l’époque, au 19 ème siècle, on utilisait le terme Spleen  pour désigner le mal-être, la dépression d’une grande gravité .
Les fleurs du Mal (1857) traitent du Spleen, de l’angoisse d’exister. Baudelaire avait un anti-dépresseur : l’absinthe. Il picolait.

Spleen  « La vie Antérieure »                              

J’ai longtemps habité sous de vastes portiques           
Que les soleils marins teignaient de mille feux,                                   
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.                                  

Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d’une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique                                              
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeur.

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l’unique soin était d’approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.

Grave ; Charles en écrivant ce poème, déprime grave. Il ne verra plus les paysages exotiques de l’Ile Maurice, la mer, les soleils évaporés.
Nous aussi, en lisant ce poème, nous ressentons un sentiment d’ennui profond, de lassitude, de dépression mêlée à une grande frustration. Charles a voyagé ; il est parti en vacances (quand même, l’Ile Maurice, c’est pas donné à tout le monde!) et il se plaint ?!?
Oui ; car en 1844, notre poète est ruiné. Il vit misérablement à Paris, se laisse aller, ne lave plus son linge sale qui traîne par terre, dans sa petite chambre. Ça pue. C’est horrible.

Le pouvoir de l’imagination

Ô lecteurs adorés, je vais vous montrer comment sortir de la dépression (surtout si vous vous abonnez pour recevoir gratuitement le 1er chapitre de mon roman La Frontière http://bit.ly/La-Frontiere  que  Baudelaire aurait adoré).
Fermez vos yeux un instant, les deux, ne trichez pas ; ne pensez plus à rien ; maintenant ouvrez-les afin de voir ce que j’écris, inspirez calmement, expirez, voilà très bien. Par le biais de mon imagination fertile, le poème que Charles Baudelaire a écrit, au milieu de son linge sale, se transforme en :

Soupline  : « Levys antérieures »

J’ai longtemps chahuté sous de noirs portiques,  
Que les balançoires bleu marine agitaient,
Et que leurs grands piliers funèbres, sales et laids,
Rendaient mon jean gris, ma vie problématique.

La rouille en grinçant tel un esprit vicieux
Noircissait mes badges aux couleurs métalliques
Les poches, la toile et les revers cylindriques

De ce futal affreux que jadis porta mon vieux.

C’est là que je compris, dans ce square calme
Au milieu des détritus et de folles odeurs
Que ma lessive perdait sa belle ampleur.

Bien suspendue à la barre, les orteils en palmes
Je me désolai en ce monde de languir
Car des taches, nulle crasse n’allait blêmir.

Époustouflant, n’est-ce pas ? Du grand art. Vous souriez donc j’ai réussi ! Pendant quelques minutes, votre dépression s’en est allée. Remercions aussi Baudelaire, pour son œuvre admirable Les fleurs du mal qui parfois ne fait pas que du bien. Heureusement que je suis là….


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