Magazine Journal intime

Da Vinci Code (la merde en barre servie bien fraîche)

Publié le 02 juin 2008 par Corcky

C'est peut-être parce que je suis allée voir Indiana Jones, avec ses éternelles références pseudo-historiques délicieusement kitsch, ses temples millénaires qui n'arrêtent pas de s'éffondrer dès que tu as le maheur de péter trop fort et ses paysages à côté desquels les pubs pour le Club Med font aussi fauchées que des spots pour le Pâté Hénaff.
Ou peut-être parce que je suis allée faire un tour à la BNF dimanche après-midi.
Va savoir.
EN tout cas, j'ai envie de parler de bouquins. Et de cinoche.
Ben oui.
Mais attention.
je préfère couper l'herbe sous le pied des éventuels polémistes qui viendraient gueuler que c'est facile de critiquer, que chacun a le doit de lire, de voir et d'écouter ce qu'il veut, que certains romans n'ont pas d'autre prétention que de distraire le lecteur en toute légèreté et sans prise de tête (sauf pour l'Alchimiste, qui avait la prétention, rien que ça, d'être l'équivalent du Petit Prince version brésilienne).
Je le sais, je ne le nie pas, j'approuve, je te baise les pieds, ô mon frère (ou ma soeur) indigné(e), je te lèche servilement les fesses en te contemplant avec le regard humide et servile d'un cocker énamouré, une confrontation avec toi sur un sujet aussi futile ferait saigner mon coeur avec l'intensité d'un anévrisme qui pète brutalement dans une cervelle molle, et comme j'ai une petite migraine, tu seras bien gentil de m'apporter une boîte de Propofan (sur l'étagère, derrière toi, entre Les idées Noires de Franquin et Sa mejesté des mouches de Golding).
En plus, c'est bien sur le blé engrangé par les best-sellers comme ceux d'un Marc Lévy qu'une maison d'édition peut se permettre de publier des auteurs moins connus, plus difficiles d'accès et parfois peu ou pas rentables (putain, ce qu'il ne faut pas faire, quand même...)
On est bien d'accord.
Pour autant, et parce que j'aime parfois vomir un peu de bile sur ce qui ne me sied point, permets-moi d'exprimer mon sentiment tout à fait personnel (donc propre à moi, issu de mon dedans profond) sur certaines productions qui ont eu l'heur de ne pas me satisfaire entièrement.
Par exemple, prenons l'un des bouquins les plus vendus de ces cent dernières années.
Le Da Vinci Code.
Bon.
Je me demande ce qui est le plus dur, avec le Da Vinci Code.
En avoir été gavée comme une oie par toutes les télés, la presse, puis toutes les salles de cinoche (en tout cas, les multiplex à gros débit)?
Ou bien me sentir, quelques temps après la retombée de la folie "Da Vinci", à nouveau persécutée par des écrivains encore plus mauvais que Dan Brown, qui reprennent, un peu au pif et dans un grand n'importe quoi, toutes les recettes du succès?
La conspiration Bosh, Le dernier kabbaliste, L'évangile selon Judas... j'en passe et des meilleurs.
Au menu, toujours les mêmes grosses ficelles: Enquête "historique" (hystérique, plutôt, tellement c'est du foutage de gueule), manuscrit interdit (Merci Le nom de la rose, heureusement qu'il y a eu Eco pour montrer la voie) , énigmes dignes de celles du Père Fourrasse, et complot machiavélique (allô Fox Mulder?)
Les types qui pondent des  "Da Vinci truc-chouette" mettent autant de passion dans leur écriture qu'une bonne soeur qui jouerait à Donkey Kong dans la salle d'attente de son gynéco.
Ils écrivent avec leurs pieds et pensent avec leur porte-feuille ("alors, coco, si je mets un personnage comme Jésus, et qu'il tire son coup, ça va me rapporter combien?") et ils écrivent leur bouillie dans le métro (peut-être sur la ligne 13? Ceci expliquerait cela...).
Et en plus, ça marche...tellement bien qu'on doit se les coltiner sur grand écran. Quand je me dis que les plagiaires de Dan brown ont toutes les chances de voir leur grosse merde adaptée au cinéma, j'ai peur.
J'ai peur, parce que je me souviens de la coupe de Tom Hanks (la vraie énigme de Da Vinci, le film, c'est "qui est le coiffeur de Tom Hanks sur ce plateau, bordel?").
J'ai peur parce que je me souviens du jeu d'Audrey Tautou, de son air de petite frenchie aussi cortiquée qu'une Lara Fabian, de son jeu aussi expressif que celui d'une Paris Hilton dans La maison de cire. Quand on lui annonce qu'elle descend de Jésus Christ, on dirait que Tom Hanks vient de lui demander de lui passer le sel. D'ailleurs, Audrey a environ deux expressions dans son répertoire, ça date d'Amélie Poulain: "Niaise", et "très niaise".
Sans parler de Jean Reno, fidèle à ses compétences de jambon à l'os sur pattes, aussi bon acteur qu'un magnifique knacki Herta tout juste sorti de l'eau bouillante, encore dégoulinant de vapeur et de graisses saturées.
Pourquoi ça marche dans Indiana Jones alors que ça merde lamentablement dans Da Vinci Code?
Pourquoi Indiana Jones peut aller récupérer le Saint Graal sans que ça fasse hurler de rire trois millions de personnes, alors que Tom Hanks et sa coupe de merde sont aussi ridicules qu'un épagneul sur les traces d'un pauvre faisan pendant une partie de chasse en Sologne?
Ah ouais.
T'as raison.
C'est peut-être une bête histoire de talent.
Stephen King lui même avoue qu'il écrit des "romans de gare" et assimile volontiers ses bouquins à des "cheeseburgers consommés avec un plaisir presque coupable".
Certes.
Mais un bon cheeseburger, bien gras, c'est une petite folie qu'on adore s'offrir de temps en temps, même si elle est oubliée sitôt dégustée.
Dan Brown et ses potes, eux, ne nous cuisinent même pas des surgelés potables, à peine du réchauffé au rayon "traiteur cheap"...plutôt des barquettes au contenu mal identifié, qui fait craindre l'intoxication (littéraire et pas alimentaire, dans le cas présent), et chacun sait que la réaction physiologique à une intoxication, c'est la régurgitation.
Bon, je peux la faire plus courte: Pour moi, c'est d'la merde.
Heureusement, donc, que ma femme m'a emmenée à la BNF dimanche.
Ma femme, qui pourrait sans doute vivre sans électricité, sans internet, sans téloche, sans musique, mais certainement pas sans livres.
Ma femme sans livres, ce serait comme une plante en pot sans flotte: ça ferait peur tellement elle se déssècherait, à la fin t'aurais pitié et tu la balancerais par le vide-ordure.
T'aurais dû la voir, hier après-midi.
Ses grands yeux brillant de mille feux, comme le jour de Noël (ça c'est une image à la con, et tu permets, je mets mon copyright dessus tellemet c'est à chier).
A la BNF, comme je te le disais.
A quelques mètres de moi, mon pote, y'avait une bonne partie de la littérature mondiale, celle qui fait pleurer, celle qui fait marrer, celle qui fait réfléchir, celle qui ajoute des connaissances à ta base de données neuronale (et te permet d'épater tes amis pendant les dîners à la bonne franquette), celle qui s'écrit en français, en espagnol, en bantou, en arabe, en hébreux, en anglais.
Va savoir pourquoi, ça m'a remonté le moral.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Corcky 6 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte