Magazine Journal intime

Truculence et flatulences.

Publié le 06 mai 2015 par Cuicuinrv
 Pour annoncer un retour sans tambours ni trompettes, je vous livre un texte qui ne pourrait être écrit actuellement tant cette époque est pudibonde, pusillanime et peu propice aux excès scatologiques.L'extrait final en caractères gras me concerne particulièrement puisqu'il a influencé le choix de mon pseudonyme et exprimé tout le bien que je pense du sérieux révélé par l'auteur de ce blog................................................... 

"En voulez-vous dadventaige ? Ouy dea, respondit Grandgousier. Adoncq dist Gargantua :
RONDEAU
En chiant l'aultre hyer senty
La guabelle que à mon cul doibs ;
L'odeur feut aultre que cuydois :
J'en feuz du tout empuanty.
O ! si quelc'un eust consenty
M'amener une que attendoys
En chiant !
Car je luy eusse assimenty
Son trou d'urine à mon lourdoys ;
Cependant eust avec ses doigtz
Mon trou de merde guarenty
En chiant.
"Or dictes maintenant que je n'y sçay rien ! Par la mer Dé, je ne les ay faict mie, mais les oyant reciter à dame grand que voyez cy, les ay retenu en la gibbesiere de ma memoire.
- Retournons (dist Grandgousier) à nostre propos.
- Quel ? (dist Gargantua) chier ?
- Non (dist Grandgousier), mais torcher le cul.
- Mais (dist Gargantua) voulez vous payer un bussart de vin Breton si je vous fays quinault en ce propos ?
- Ouy vrayement, dist Grandgousier.
- Il n'est (dist Gargantua) poinct besoing torcher cul,  sinon qu'il y ayt ordure ; ordure n'y peut estre si on n'a chié ; chier doncques nous fault davant que le cul chier doncques nous fault davant que le cul torcher.

- O (dist Grandgousier) que tu as bon sens, petit guarsonnet ! Ces premiers jours je te feray passer docteur en gaie science, par Dieu ! car tu as de raison plus que d'aage. Or poursuiz ce propos torcheculatif, je t'en prie. Et, par ma barbe ! pour un bussart tu auras soixante pippes, j'entends de ce bon vin Breton, lequel poinct ne croist en Bretaigne, mais en ce bon pays de Verron.

Truculence et flatulences.

http://unebonnenouvelleparjour.eklablog.com/complainte-d-un-oisillon-a47028481

- Je me torchay après (dist Gargantua) d'un couvre chief, d'un aureiller, d'ugne pantophle, d'ugne gibbessiere, d'un panier - mais ô le mal plaisant torchecul ! - puis d'un chappeau. Et notez que des chappeaulx, les uns sont ras, les aultres à poil, les aultres veloutez, les aultres taffetassez, les aultres satinizez. Le meilleur de tous est celluy de poil, car il faict très bonne abstersion de la matiere fecale.
"Puis me torchay d'une poulle, d'un coq, d'un poulet, de la peau d'un veau, d'un lievre, d'un pigeon, d'un cormoran, d'un sac d'advocat, d'une barbute, d'une coyphe, d'un leurre.
"Mais, concluent, je dys et mantiens qu'il n'y a tel torchecul que d'un oyzon bien duveté, pourveu qu'on luy tienne la teste entre les jambes. Et m'en croyez sus mon honneur. Car vous sentez au trou du cul une volupté mirificque, tant par la doulceur d'icelluy duvet que par la chaleur temperée de l'oizon laquelle facilement est communicquée au boyau culier et aultres intestines, jusques à venir à la region du cueur et du cerveau. Et ne pensez que la beatitude des heroes et semi dieux, qui sont par les Champs Elysiens, soit en leur asphodele, ou ambrosie, ou nectar, comme disent ces vieilles ycy. Elle est (scelon mon opinion) en ce qu'ilz se torchent le cul d'un oyzon, et telle est l'opinion de Maistre Jehan d'Escosse.
 Rabelais, Gargantua, 1534. Extraits des chapitres 14 et 15

Merci à aux auteurs de ce site qui ont retranscrit scrupuleusement la truculence, la verve et la richesse de la langue de Rabelais.
Autres temps, autres mœurs...

Lors du prochain billet, je vous donnerai quelques recettes de cuisine, économiques et adaptées aux rigueurs budgétaires imposées par un gouvernement se prétendant de gauche...
Je suis heureux de vous retrouver et vous embrasse. .



 


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