Une heure que je suis dans cette cellule. J’ai appelé le gardien ; personne ne répond.
Remarquez, chers lecteurs, je ne m’ennuie pas. Sur les murs, il y a de la littérature : exemples : « Nike la polisse », « rat crevé du 93 n’est pas encore mort », « maman, viens me chercher !!! ». Intéressant !
Les escargots de Jojo
Chaque année, nous nous réunissons ; on montre nos plus beaux spécimens puis on discute, s’échange des conseils, entre deux fous-rires.
En ce moment, je devrais y être…si la contrôleuse sadique ne m‘était pas tombée dessus ! (Mes escargots ont frôlé la crise cardiaque ; c’est fragile, ces petites bêtes). Surtout que Miss Saindoux a déjà sévit, sur la ligne Avignon-Marne-La-Vallée ! Je n’invente rien; lisez cet article que j’ai soigneusement gardé sur moi: Le point.fr
Cette femme n’a que ça à FOUTRE ! Mettre des amendes aux escargots !!!
Au lieu d’embêter les honnêtes gens comme moi -parce que Ô Seigneur, je voyage avec des gastéropodes potentiellement dangereux, la prochaine fois, je leur mettrai une laisse et une muselière ! -madame la contrôleuse, auriez-vous le courage d’arrêter les fraudeurs ? Et les grèves à répétition ? Pléonasme : grève est toujours synonyme de « à répétition ». Tout le temps en grève, la S.N.C.F, et les trains, toujours en retard !!!
La raclée que vous avez prise, ce matin ! J’en ris encore. Grands coups de sac à main, en plein dans le nez. Fallait pas taper ? C’est pas moi ! Mais les voix que j’entends dans ma tête ; je ne peux pas les contrôler.
Mon petit poulet à deux pattes
Je commence à fatiguer.
-Gardien ! Oh ! Gardien ! Il y a quelqu’un ? GARDIEN !!!
Il arrive, enfin ; gracieuse démarche, torse bombé, petite mine cependant.
-Ne criez pas comme ça. Qu’y a-t-il ?
-Je veux sortir d’ici , avec mes escargots ; vous n’avez aucun droit de prolonger ma garde à vue !
Le jeune homme semble embarrassé :
-Vous allez sortir bientôt ; madame, s’il vous plait, ne criez pas, dès que j’aurai les résultats de la prise de sang, vous serez libre.
-Je ne me drogue pas ! hurlai-je, ma seule drogue est l’écriture !!!
Le gardien me fixe, l’air ahuri.
-Arrêtez de crier, je vous en prie ; je suis tout seul dans le commissariat. Deux collègues sont en arrêt maladie et de l’autre côté, au bout du couloir, j’ai des prisonniers, des caids, dix dans une petite cellule ; il faut les tenir!
-Libérez-les, vous serez tranquille !
L’homme fixe ses chaussures, sans mot dire. Qu’est-ce qui lui prend ? Le voilà qu’il pleure maintenant.