Poème : Osmose

Chers lecteurs, la plupart bruns, ascendant bélier, vous vous attendiez à lire, un article, comme tous les lundis.
Ne le répétez à personne…je n’ai pas eu le temps, je suis débordée en ce moment.
Mais je vous ai recopié un poème (parce que j’ai toujours écrit des poèmes, refusés par les éditeurs, éternel leitmotiv: « C’est bien mais pas assez commercial ».)
Ce poème parle de l’écriture, du style.

OSMOSE

Partir loin de ce monde concave, de ce soleil noir, de ces pécheresses incendiaires,
partir, fuir sans se retourner, courir avec les forces qui vous restent mais courir,
se faufiler entre les passants, une dernière fois les frôler,
partir, s’envoler -impérativement.

Partir le cœur ivre d’oubli, quitter ces enfants-ci qui ne pourront jamais grandir, cette femme-là que la pauvreté perdra et toujours ce noir soleil, ce dahlia en douleur, en deuil sans doute, quitter ces visages odieux,
cette terre sans lumière, qui tourne jusqu’à hurler.

Partir, se sauver, rejoindre l’être aimé, le rejoindre
pendant des heures, des mois, des années, et se donner entièrement à lui,
les mains nues et timides, comme on se voue à l’écriture ;
ces mains qui caressent l’antre du désir, la jouissance de la phrase enfin accomplie,
ces mains ô combien arrogantes, car elles tiennent pendant quelques secondes,
des bancs d’éternité, le mot premier, l’écriture consacrée.

Image à la Une:  photo de Cécile Lovi.