Un jour, si j’ai le temps, j’écrirai l’ouvrage indispensable qui manque à ma bibliothèque. Mais bon, j’ai ma petite dernière qui commence à marcher et je dois la protéger des prises électriques, des portes qui claquent et des coins de table.
Il me semblerait réellement important de faire un dictionnaire international des onomatopées : vlan !, plouf !, crac, boum, hue ! Il y en a des dizaines, toutes plus représentatives des événements de notre quotidien, mais le plus intéressant est de considérer à quel point elles sont différentes d’un pays à l’autre.
J’ai mené l’enquête. Exemple, si l’on voulait traduire notre « miam » en japonais, on devrait dire « paku paku », « chomp » en anglais et « chrup chrup » en polonais.
Bon là, il s’agit de l’expression d’une envie ou d’une satisfaction, alors admettons que chaque culture ait la sienne. Soit.
Plus intrigant, c’est la manière dont des peuples différents perçoivent des bruits familiers, comme les éternuements, le chant du coq ou le monologue des canards.
Si vous entendez « hakushon ! » au Japon, alors proposez un mouchoir à la personne émettrice de ce son, car elle vient d’éternuer. Un petit rhume à Moscou ? Alors un « apchkhi ! » serait de bon ton pour se fondre dans le décor ; si vous dites « atchoum ! », vous serez repéré.
Le cri du coq : un grand classique. Au très distingué « cock-a-doodle-doo » british répond le guttural « gaggalagó » islandais et le poétique « kukaok » en tagalog. Au passage, le tagalog, que je viens de découvrir, est un des 170 dialectes des Philippines, on en apprend tous les jours.
Notez également que si vous cancanez en dehors de nos frontières, vous risquez de ne pas vous faire comprendre.
Essayez donc de dire « coin coin » à canard roumain, et il vous regardera avec dédain. Mais si vous lui dites « mac mac », vous pourriez peut-être sympathiser, s’il ne s’est pas offensé. En tchèque, c’est « gagaga » ; il a un petit accent ? Et en danois, c’est « rap rap », alors j’avoue que j’ignorais totalement le côté break dance des canards danois.
Au-delà de chaque différence culturelle, cela m’interroge sur le caractère universel de notre biologie ; ne sommes-pas tous équipés d’un système auditif similaire ? Coin coin, c’est coin coin, non ?
Même l’expression de la douleur est atypique d’un pays à l’autre. Lorsque jadis les peuples étaient guerroyaient, notre « aie ! » gaulois faisait écho au « ouch ! » anglais. Plus étrange, le « oun ! » en bambara et le « ing » en dogon sont deux langues parlées au Mali pour dire « aie ! », ce qui signifie que dans un même pays, on hurle de manière différente.
Et bing ! J’ai fini. C’était le bruit de la chute.