"Tu sors ce soir ? Mais, tu as vu ce qui tombe ?"
"T'en fais pas, je serais prudente et avec mon béret, je suis à l'abri !"
Une fois dehors je me rends compte de mon erreur : il pleut bien plus que je ne l'imaginais. Et je serais certainement trempée avant d'arriver à la voiture !
Col remonté, épaules haussées et bras croisés, je pique un sprint et m'engouffre rapidement dans l'habitacle. Et maintenant, en route !
Arrivée devant chez Christophe, je me gare le plus près possible du portail sans pour autant arriver à lui éviter la douche. Heureusement que l'on est motivés : on sort boire un verre pour fêter l'anniversaire de Mathieu et ce ne sont pas quelques gouttes d'eau qui vont nous en empêcher !
Malgré les essuie-glaces poussés au maximum, on peine à distinguer la route. C'est incroyable c'est la première fois que je vois ça ! Et encore, ce n'est que le début... Arrivés à Sigolsheim, on n'en croit pas nos yeux : plus de route, plus de trottoirs, la rue est devenue... une rivière. Mais comment est-ce possible ? Il s'est mis à pleuvoir il y a une demie-heure à peine !
Je me gare devant chez Mathieu et klaxonne. Fort heureusement le terrain est en pente : il peut monter dans la voiture les pieds au sec. Son voisin par contre, patauge allègrement dans la boue. Parka sur le dos, bottes aux pieds et balai à la main, il donne l'impression de sortir de Souviens-toi l'été dernier.
Nous le regardons un instant, perplexes, avant de redémarrer. Alors arrêtés au stop, nous voyons un homme passer devant le capot et se baisser devant une bouche d'égout pour la désengorger des branchages qui l'encombrent. Torse nu, jambes de pantalon remontées et pieds nus, il nous fait l'effet d'un extra-terrestre. Mais que se passe-t-il ici ?!?
Dans la rue principale c'est pire encore. Des geysers se forment au milieu de ce que l'on imagine être la route, là où le courant est entravé par des amas de branchages. L'eau monte à peu près jusqu'à la moitié des gentes et nous ne pouvons mettre un pied dehors sous peine d'être trempés jusqu'aux mollets. Un coup de fil à David et ce dernier arrive, 3 paires de bottes à la main.
"Vous tombez bien : vous allez pouvoir nous aider à écoper !"
"Non, tu nous fais marcher ?"
"Pas du tout... Allez, sortez et venez nous aider !"
22h00. Réunis dans la cour intérieure de David, nous assistons à la montée des eaux. L'entrée est tant bien que mal calfeutrée avec des couvertures, mais malgré ça, le niveau fluctue au gré du courant et de la remontée des égouts. Fort heureusement l'eau ne monte pas très haut et se contente d'inonder une partie de l'entrée. Mais, en est-il de même pour ses voisins ?
Seaux sur la tête et bille en tête, nous sortons et allons voir chez Michel si tout se passe bien. Bien évidement, nous sommes complètement trempés avant même d'arriver à destination. Je crois qu'on ne sortira plus ce soir... Mais pour compenser, nous en profitons pour faire tout ce qui est interdit d'ordinaire : sauter allègrement dans l'eau, patauger dans la gadoue et laisser le courant nous enserrer les chevilles.
Coooool !
Apparement Michel gère la situation de main de maître : il n'a pas besoin de nous.
En rebroussant chemin, nous passons devant ses voisins qui eux, sont complètement débordés. La cave est en passe d'être complètement inondée et la pompe ne suffit pas à évacuer le trop plein. Ni une, ni deux, nous nous installons et formons une chaîne.
Les seaux défilent sans pour autant que le niveau ne fasse mine de baisser. Enfin, la pluie cesse et nos efforts commencent à payer. Une bonne demie-heure et pas mal de seaux plus tard, nous touchons au but : la cave est dégagée. Un bon coup de balai et il n'y paraitra plus !
De retour chez David, le travail n'est pas fini : nous nous armons de pelles et balais pour pousser vers l'extérieur la masse d'eau accumulée dans la cour. Puis nous nous attaquons à la rue en dégageant les rigoles des trottoirs et les bouches d'égouts. Branchages, cailloux et surtout sable s'y sont accumulés empêchant le bon écoulement de l'eau. Pas étonnant que ça se soit bouché partout !
Lorsque le plus gros est évacué et que la route commence enfin à être dégagée, Sophie sort le jet d'eau... Erreur fatale !
Déjà trempés jusqu'aux os, nous ne craignons plus rien et une bataille rangée s'engage alors. Il est minuit et demie et nous sommes samedi.
Une fois la récréation terminée, nous rentrons enfin. La douche et des habits de rechange s'imposent. Et pour les plus trempés, il faudra même aller jusqu'à changer le caleçon...
Une fois au sec et au chaud, on se réunis autour d'une tisane qui se transformera bien vite en bière une fois nos organismes réchauffés.
Vers 1h30, lorsque nous levons le camp, nous croisons deux employés municipaux courageux qui sont à pied d'œuvre pour déblayer la rue.
Bon courage les mecs ! Nous..., on va se coucher !
Au fait, on fait quoi demain... On va le boire, ce verre ? LOL